Avec notre envoyé spécial à Donetsk en Russie, Etienne Bouche
Ce lundi après-midi, le père Vladimir baptise Lena entourée de ses parents. Cet homme au regard bienveillant est prêtre à Donetsk, ville russe voisine de la frontière ukrainienne. Dans un petit local rattaché à l’église, des vêtements, chaussures et couvertures collectées par les paroissiens et destinées aux réfugiés ukrainiens.
« Des affaires pour les femmes, les hommes et les enfants, précise le père Vladimir. Il commencera à pleuvoir, à faire froid, il faut faire quelque chose car ils vivent dans des tentes qui ne sont pas chauffées. Nous allons leur transmettre tout ça pour qu’ils n’aient besoin de rien. »
Pour le père Vladimir, l’Eglise ne doit pas s’impliquer dans les conflits en général, ce qui ne l’empêche pas d’avoir un avis personnel sur le drame ukrainien : « L’Ukraine ne reconnaît pas qu’il s’agit d’une guerre, qu’elle agit en terroriste contre les séparatistes. A Lougansk, on a tué deux de mes amis prêtres. »
« Occupation sprirituelle »
La crise ukrainienne a des répercussions jusque dans la sphère religieuse. Il y a quelques jours, l’Eglise orthodoxe d’Ukraine élisait son nouveau dirigeant, Onoufriï, réputé proche du patriarcat de Moscou. Dans un pays à vif, certains croyants sont allés jusqu’à dénoncer une « occupation spirituelle ».
■ Guerre de tranchées près de Donetsk
La terrible guerre entre Kiev et les séparatistes pro-russes se poursuit. Lundi, des dizaines de civils ont été tués au nord de Lougansk. Ils étaient en train de fuir la région lorsqu’un missile est tombé sur leur bus. Les autorités ukrainiennes et les séparatistes se renvoient la responsabilité de ce drame.
Dans l’autre fief des rebelles, Donetsk, les séparatistes qui tiennent le centre-ville résistent toujours au pilonnage de l’armée qui a du mal à entrer dans la ville. Les combats les plus durs se déroulent en périphérie, où sur les checkpoints, chaque camp se bat pour gagner du terrain.