Ukraine: le Premier ministre Arseni Iatseniouk démissionne

L’Ukraine s’enfonce dans une nouvelle crise politique. Le Premier ministre Arseni Iatseniouk a démissionné ce jeudi 24 juillet après l'éclatement de la coalition parlementaire, mais le président Petro Porochenko a demandé, vendredi, au Parlement de ne pas entériner cette démission.

Avec notre envoyée spéciale à Donestsk, Anastasia Becchio

Arseni Iatseniouk, figure clé de Maïdan, la révolution pro-européenne de l’hiver dernier, jette l’éponge. Le Premier ministre estime que la dislocation de la coalition parlementaire, qui s’était formée après le départ du président Viktor Ianoukovitch, aura des conséquences dramatiques pour le pays qui vit des heures difficiles avec une quasi-guerre civile dans sa partie Est.

Refus de Porochenko

Alors que les parlementaires doivent se prononcer vendredi sur cette démission-surprise, le président ukrainien Petro Porochenko leur a demandé de ne pas entériner la décision du Premier ministre et de son gouvernement.

Petro Porochenko ne souhaite pas le départ d’Arséni Iatseniuk, et insiste pour que les députés votent une motion de confiance au gouvernement. « J'espère que les émotions vont se calmer, que le sens de la responsabilité l'emportera et que tout le gouvernement continuera de travailler », a déclaré Petro Porochenko vendredi.

Le Premier ministre n’est cependant visiblement pas disposé à rester à son poste. Il a déjà désigné son vice-Premier ministre, Volodomyr Groysman, pour assurer l’intérim. Arséni Iatseniuk estime qu’en approuvant une dissolution de la coalition gouvernementale, le président et ses alliés jouent contre le pays, qui devrait concentrer ses forces sur la crise économique et le conflit dans l’est de l'Ukraine. La rupture est en tout cas consommée entre les alliées d’hier du Maïdan.

Législatives anticipées

Si la décision est tout de même entérinée, il y aura donc des élections législatives anticipées en Ukraine. C’était l’une des requêtes des manifestants de Maïdan qui plaident pour un renouvellement total du pouvoir. Mais pour l’actuel Premier ministre, membre du parti Batkivschina, de Ioulia Timochenko, le pays n'en a simplement pas les moyens. Les caisses sont vides et l'armée, mal équipée et peu entraînée, doit faire face à cette insurrection séparatiste dans l'Est. « Notre gouvernement n'a pas de réponses aux questions " Avec quoi payer demain les salaires, comment faire le plein de blindés et financer l'armée ?" », a lancé Arseni Iatseniouk devant les députés à la Rada, dénonçant des intérêts politiques étroits à un moment où le pays doit s’unir derrière un leader national. C’est un « crime moral et politique », estime le Premier ministre démissionnaire qui voit un seul vainqueur dans cette nouvelle crise politique : la Russie.

[ACTUALISATION 25/07, 15h00 : Ajout de la réaction de Petro Porochenko, demandant au Parlement de ne pas entériner la démission]

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