Soma: reprise des recherches après la maîtrise de l'incendie

Deux nouveaux corps ont été sortis de la mine à Soma. Cela indique une reprise des activités d’exploration, alors que jusque-là le feu et les fumées empêchaient même d’entrer dans le puits. Des familles attendent des nouvelles de plusieurs dizaines d’autres mineurs prisonniers de la mine.

Avec notre envoyé spécial à Soma, Jérôme Bastion

Le feu n’est aujourd’hui pas encore tout à fait circonscrit, mais on y est presque. Il y a quelques heures, en pleine nuit, le ministre de l’Energie Taner Yildiz, sur le site depuis le début de la crise, a annoncé que les émissions de gaz carbonique avaient été diminuées par 6 à l’entrée du puits, ce qui montre que le feu est presque éteint.

Il faut comprendre ce que peut être ce genre de feu dans un boyau peu aéré d’une galerie de mine. Le bois qui renforce le tunnel, et puis le minerai de charbon se consument sans véritable flamme. Mais le minerai, très incandescent, chauffe vivement et le bois lui, fait beaucoup de fumée. En fin d’après-midi jeudi 15 mai, des tracteurs sont entrés en action devant le puits de la mine Soma pour amener des madriers et des planches, provenant de la mine voisine d’Imbat.

18 mineurs au maximum restent coincés

Après extinction du feu des planches et refroidissement, le travail a donc consisté à remplacer les structures en bois qui protègent la galerie. L’arrêt des fumées a permis de retrouver ainsi deux corps de mineurs dans ce premier segment de la descente, jusqu’au lieu de l’explosion, qui mesure environ 120 mètres. Une centaine de mètres de ce puits quasiment vertical sont maintenant réhabilités.

Dans vingt mètres seulement, une fois arrivés à l’intersection menant aux différentes galeries et à l’étage inférieur, à 400 mètres sous terre, les secouristes pourront enfin progresser vers les 18 mineurs au maximum - une estimation du ministre Taner Yildiz -, restant coincés dans les différents boyaux qui s’étirent à l’horizontale, parfois sur plusieurs kilomètres. Des mineurs qui sont probablement morts, a laissé entendre le ministre, en évoquant un bilan global qui s'élèverait à 301 ou 302 morts.

Dans la matinée de vendredi, la compagnie qui gère la mine de Soma a démenti toute « négligence » de sa part dans l'accident.

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Imbat, une mine plus sécure ?

« Moi, je viens de la mine d’au-dessus. On est venus tout de suite aider nos amis d’ici », témoigne un mineur d’Imbat qui a souhaité garder l’anonymat. Cette mine, similaire à celle de Soma, est connue pour être plus sécure. « Je préfère ne pas comparer, ce serait injuste de ma part, mais les chiffres montrent deux fois moins d’accidents chez nous, confirme ce mineur. Quand on a entendu l’explosion et vu la fumée à Soma, on a tout de suite compris. » La raison de cette différence selon lui, c’est beaucoup plus de discipline, du matériel moderne et le souci de la sécurité. Il nuance néanmoins, en ajoutant qu’un accident peut subvenir partout, comme pour ne pas accabler la mine de Soma, où les équipements apparaissent dès le premier coup d’œil vétustes et mal entretenus.

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