Ukraine: tension décuplée à Odessa après la visite d’Arseni Iatseniouk

Plus de 2000 militants pro-russes ont attaqué ce dimanche 4 mai un bâtiment de la police à Odessa. Portes enfoncées, vitres brisées, l'assaut est intervenu quelques heures après la visite du Premier ministre Arseni Iatseniouk, qui a lancé des critiques virulentes à l'encontre de la Russie.

Arseni Iatseniouk accuse sans détour Moscou d'avoir manigancé les affrontements. Si les circonstances exactes qui ont entraîné la mort de plusieurs dizaines de personnes ne sont pas encore claires - l'UE a d'ailleurs demandé une enquête indépendante pour éclaircir ce point et juger les responsables - pour le Premier ministre il n'y a aucun doute : ce qui s'est passé à Odessa « fait partie du plan de la Russie pour détruire l'Ukraine et son Etat ». « Moscou a envoyé des gens ici pour créer le chaos », a déclaré Arseni Iatseniouk y voyant un plan financé et organisé par des « professionnels » qui ont réussi « à manipuler des gens ordinaires ».

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Le Premier ministre a rejeté dans la foulée les accusations russes, selon lesquelles le gouvernement de Kiev avait provoqué le bain de sang. Iatseniouk n'a pas manqué aussi de critiquer la police « qui n'a pas fait son travail », laissant entendre que les policiers étaient plus intéressés par les pots de vin que par le maintien de l'ordre. Le chef du gouvernement ukrainien a d'ailleurs annoncé que tous les hauts responsables de la police de la ville avaient été démis de leurs fonctions pour avoir failli à leur tâche.

Mais à Odessa le deuil a été de courte durée. Plus de 2 000 militants pro-russes ont lancé un assaut contre le siège de la police, qui leur a permis d'obtenir la libération de plusieurs dizaines de leurs camarades arrêtés après les violences de vendredi.


Sloviansk et Kramatorsk encerclés par l'armée ukrainienne

Avec nos envoyés spéciaux dans la région, Bertrand Haeckler  et  Daniel Vallot

L’étau se resserre autour des deux villes ciblées par l’armée ukrainienne, qui ne parvient toujours pas à s’emparer du centre de Sloviansk et de la mairie de Kramatorsk. Mais elle a achevé d’encercler totalement les deux localités, principales cibles de l’opération lancée vendredi matin. Est-ce un prélude à une nouvelle offensive importante, après deux jours d’escarmouche ? Difficile à dire, car l’armée ukrainienne hésite visiblement à forcer les barrages qui se trouvent dans les zones urbaines, par crainte sans doute de provoquer un bain de sang.

Du côté des insurgés, les miliciens se montrent de plus en plus nerveux, de plus en plus agressifs, et dans les autres villes de la région, à Lougansk ou à Donetsk où nous nous trouvons, ils multiplient les opérations coup de poing contre des bâtiments symboliques ou stratégiques.

Dans l’est de l’Ukraine, la situation reste donc extrêmement tendue, même si tout le monde ici retient en quelque sorte son souffle dans l’attente d’une offensive plus importante, plus massive et peut-être plus décisive, de la part de l’armée ukrainienne.

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