Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
Sans l’enquête de l’Institut supérieur de la santé, les 700 000 personnes vivant entre Chieti et Pescara, dans la région des Abruzzes, ne seraient toujours pas officiellement informées du fait qu’elles ont utilisé pendant plusieurs années de l’eau polluée. Cette eau provient de quatre puits situés près d’une décharge appartenant au groupe Edison, spécialisé dans la chimie industrielle, dont 19 dirigeants sont accusés de pollution et d’empoisonnement. C’est dans le cadre de leur procès que l’Institut supérieur de la santé a mené son enquête.
Près de 250 000 tonnes de déchets industriels et toxiques auraient été enterrées, à Bussi, une localité située entre Pescara et Chieti, sur le site du pole chimique ouvert dans les années 1960. Dès 2004, des associations environnementalistes avaient dénoncé l’existence de ces puits contaminés. En vain. Ce n’est qu’en 2007 que les gardes forestiers sont parvenus à pousser les autorités locales à fermer les puits et lancer des poursuites judiciaires contre le groupe Edison.
Aujourd’hui, le président de la région des Abruzzes assure que la qualité de l’eau est excellente. Mais selon l’enquête qui vient d’être rendue publique, les substances toxiques décelées, telles que le chlorure de vinyle, sont clairement cancérigènes.