L'Ukraine se rapproche de l'Europe

L'Ukraine et l'Union européenne resserrent leurs liens face à Moscou. Le Premier ministre Arseni Iatseniouk a signé ce vendredi matin au sommet de Bruxelles le volet politique d'un accord d'association. Les autorités ukrainiennes saluent un moment historique. A Kiev cependant, la population dit ne pas attendre grand-chose dans l’immédiat de cet accord.  En signe de solidarité avec l’Ukraine, les Américains et les Européens multiplient leurs activités et renforcent leur présence militaire à proximité des frontières occidentales russes et ukrainiennes.

L'Ukraine et l'Union européenne resserrent leurs liens face à Moscou. Le Premier ministre Arseni Iatseniouk a signé ce vendredi matin au sommet de Bruxelles le volet politique d'un accord d'association. Les autorités ukrainiennes saluent un moment historique. Un accord qui avait été à l’origine du soulèvement anti-Ianoukovitch.

A Kiev cependant, la population dit ne pas attendre grand-chose dans l’immédiat de cet accord. Elle attend surtout de l’Europe une aide économique et financière, car depuis quelques semaines les habitants de la capitale ukrainienne ressentent, de plus en plus lourdement, les conséquences de la crise économique traversée par le pays.

Reportage dans un marché de Kiev, de notre envoyé spécial, Daniel Vallot

Anorak rouge, sac plastique à la main, Anna hésite devant le prix « exorbitant », dit-elle, du kilo de viande. Dans ce marché couvert du centre-ville, les clients sont rares. En quelques semaines, explique Anna, tout est devenu beaucoup trop cher, la nourriture, l’essence et surtout, les produits d’importation : 

« Notre monnaie s’est effondrée face au dollar, du coup tous les prix augmentent, et comme nos salaires et nos retraites sont en grivnas, notre pouvoir d’achat est en baisse. Moi par exemple, avec ma retraite, et le petit boulot que j’ai en plus, et bien j’ai du mal à m’en sortir ». 

Devant le rayon charcuterie, on parle de l’inflation, mais aussi de l’Europe et de l’aide économique attendue par l’Ukraine. Andreï est sceptique. Pour lui, il n’a pas grand-chose à espérer du côté de Bruxelles :

« La « formidable » Europe ne fait que parler et n’agit jamais. C’est comme les Etats-Unis, depuis 23 ans, ils ne font rien. Nous ne sommes pas sûrs que l’accord qui a été signé aujourd’hui aboutisse sur du concret. Nous l’espérons, mais nous n’y croyons pas vraiment ».

Andrei et Anna sont d’accord sur un point : tant que la situation politique ne sera pas stabilisée, l’Ukraine n’a aucune chance d’échapper à la crise économique majeure qui se dessine. 


Présence militaire aux frontières, en signe de solidarité

En signe de solidarité avec l’Ukraine, les Américains et les Européens multiplient leurs activités et renforcent leur présence militaire à proximité de frontières occidentales russes et ukrainiennes. La France devrait s’y joindre avec quatre avions de combat de type Rafale et Mirage 2000.

De vastes exercices militaires rassembleront sur la base de Lask en Pologne des unités américaines, polonaises, bulgares, estoniennes, hongroises, lettones, lituaniennes, roumaines, slovaques et tchèques.

Par ailleurs, les Américains ont déjà envoyé en Pologne douze chasseurs F-16 et trois cents soldats, qui doivent y rester pour une durée indéterminée. Parallèlement, les Etats-Unis ont porté de quatre à dix le nombre d’avions qui exercent la surveillance militaire de l’espace aérien des pays baltes, voisins de la Russie et abritant, comme l’Ukraine, de fortes minorités russes.

La Pologne prendra la relève dans trois mois. La France propose de l’aider en envoyant quatre avions de combat et en assurant une patrouille d'un avion de surveillance radar stationné en France, environ deux fois par semaine. Des sources proches du ministère français de la Défense expliquent qu’il s’agit surtout de rassurer les pays baltes et la Pologne, inquiets pour leur sécurité en conséquence de la crise en Ukraine.

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