Grand reporter pour la radio publique suédoise depuis 2001, Nils Horner était extrêmement apprécié, non seulement de ses collègues de la profession chez qui il faisait l’unanimité, mais aussi et surtout des auditeurs. Les centaines de témoignages spontanés après l’annonce de sa disparition envoyés aux rédactions pour lesquelles il travaillait le prouvent.
Nils a couvert pratiquement tous les grands événements qui se sont déroulés au Proche et au Moyen-Orient ainsi qu’en Asie. En 2000, freelance pour la radio suédoise, et revenant des États-Unis, il suit la guerre des Balkans. Embauché comme reporter juste avant le 11-Septembre, il part en Afghanistan pour faire une série de reportages sur la chute des Talibans afghans en 2001, puis ce sera la guerre en Irak en 2003, le tsunami de 2011 au Japon, les événements d’Égypte…
Il y a quelques semaines encore, il était avec les manifestants sur les barricades à Bangkok, etc. Des reportages radiophoniques toujours très attendus en provenance d’Inde, de Corée, du Cambodge, de Thaïlande ou encore du Timor Oriental. Nils Horner était une légende déjà de son vivant, un globe-trotter chevronné qui vivait pour ses reportages. Une voix reconnaissable entre mille qui clarifiait les arcanes du monde, très écoutée et immensément respectée sur les ondes suédoises.
Un hommage national
De nombreuses personnalités suédoises de tous horizons ont tenu à honorer la mémoire de ce grand journaliste. À commencer par la radio publique suédoise qui est sous le choc. Sa directrice, bouleversée, des sanglots dans la voix, déclarait hier au journal de la mi-journée que c’était l'un des pires jours dans l'histoire de la radio suédoise, que Nils était l'un des meilleurs journalistes du staff étranger avec une grande connaissance des dossiers et qu’à ce titre, entre autres, sa perte était cruelle. Le ministre des Affaires étrangères, Carl Bildt, a également tenu à rendre honneur au disparu en twittant que sa mort était une véritable tragédie, ajoutant qu’il avait une très grande estime pour les reportages de ce journaliste expérimenté.
Nils Horner devait couvrir la prochaine élection présidentielle, il devait aussi enquêter sur l’attaque du restaurant libanais, « La taverne du Liban », le 17 janvier dernier où 21 personnes avaient trouvé la mort. L’attaque avait été perpétrée par un commando-suicide taliban. Nils Horner, qui était arrivé dimanche à Kaboul, a été tué pratiquement à bout portant, très près de ce restaurant. Il était accompagné de son chauffeur, toujours le même qu’il embauchait lors de ses séjours en Afghanistan, et d’un interprète. L’agression a eu lieu quasiment au même moment où étaient organisées les funérailles du premier vice-président afghan Mohammad Qasim Fahim, décédé récemment des suites d'une maladie. Personne pour l’instant n’a revendiqué l’assassinat. Par choix pour sa passion du reportage, Nils Horner n’avait pas fondé de famille, il avait 51 ans.