Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
« Pas de ça chez nous » : le message est clair, Londres ne veut rien avoir à faire avec le comédien à la personnalité sulfureuse et ne veut pas voir exporter sur son territoire la polémique à propos de la « quenelle ».
Le Home Office, le ministère de l’Intérieur britannique, a donc pris les devants en annonçant promptement que Dieudonné faisait l’objet d’une mesure d’exclusion et qu’il serait interdit d’entrée au Royaume-Uni. La mise en garde a été transmise aux douanes, ainsi qu’aux compagnies aériennes et à d’autres sociétés de transport qui risquent une amende pouvant s’élever jusqu’à plus de 12 000 euros et l’obligation de s’acquitter des frais de détention et d’expulsion de l’individu si elles bravent cette interdiction.
A (re)lire : France: Dieudonné contre-attaque
Raison invoquée : « La ministre de l’Intérieur se réserve le droit d’exclure tout individu si elle estime qu’il y a des raisons politiques de le faire ou s’il en va de la sécurité publique ». Une décision précipitée par les déclarations de Dieudonné qui disait avoir l’intention de se rendre à Londres pour apporter son soutien à son ami Nicolas Anelka.
L’attaquant de West Bromwich Albion a été mis en accusation par la fédération anglaise de football après avoir effectué une « quenelle », le 28 décembre dernier.
Le geste inventé par Dieudonné et considéré comme antisémite a déclenché une vaste controverse. Anelka risque une suspension d’au moins 5 matchs si la fédération anglaise de football le juge coupable de s’être mal conduit.
A (re)lire : L'affaire Dieudonné n'est pas la préoccupation majeure des Français
Le Royaume-Uni a beau chérir le respect de la liberté d’expression, quand ses dirigeants estiment que la sécurité publique est en jeu, la politique est alors celle de la tolérance zéro. C’est particulièrement le cas depuis l’entrée en vigueur de lois anti-terroristes après les attentats du 7 juillet 2005 à Londres.
Des mesures qui incluent l’interdiction d’entrée sur le territoire des individus soupçonnés d’inciter à la haine et de colporter des messages racistes ou antisémites. Dieudonné rejoint ainsi une liste conséquente d’indésirables au Royaume-Uni. D’après la BBC, quelque 230 personnalités ont été bannies du territoire depuis neuf ans parmi lesquelles figurent nombre d’extrémistes religieux, comme l’américain Louis Farrakhan, des figures politiques controversées comme le néerlandais Geert Wilders ou le zimbabwéen Robert Mugabe.
Bref, le Home Office se réserve le droit de refouler quiconque porterait atteinte à l’ordre public. Dieudonné aura donc beau faire des « quenelles » à la reine d’Angleterre comme ce lundi 3 février lors d’un spectacle en Suisse, son geste polémique ne passera pas la Manche…