John Kerry, le chef de la diplomatie américaine déclarait ce samedi matin que c'est un « combat pour une Europe démocratique (qui) se joue aujourd’hui en Ukraine. La grande majorité des Ukrainiens veut vivre libre dans un pays sûr et prospère. Ils se battent pour pouvoir s’associer à des partenaires qui les aideront à assouvir leurs aspirations. Ils ont décidé que leur futur ne devait pas être lié à un seul autre pays ». « La Russie et d’autres pays ne doivent pas considérer l’intégration européenne de leurs voisins comme un jeu à somme nulle. Les leçons du dernier demi-siècle montrent que nous pouvons faire de plus grands progrès quand les Etats-Unis, l’Europe et la Russie travaillent ensemble » a ajouté le secrétaire d'Etat américain. Des propos aussitôt dénoncés par la Russie, alliée du pouvoir ukrainien. « En quoi les encouragements à des manifestations de rue de plus en plus violentes sont-ils liés à la promotion de la démocratie? » a riposté Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, lui aussi à Munich.
A Munich, l'opposition ukrainienne, qui rencontre ce samedi après-midi John Kerry et le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, a mis en garde les Européens contre une intervention « très probable de l'armée » contre les manifestants à Kiev qui protestent depuis plus de deux mois contre le régime.
Durcissement de la répression
Au cours de ces deux mois de mobilisation, les cas de disparitions et de torture se sont multipliés. L'histoire de Dmytro Boulatov l'illustre tragiquement.
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Son cas a ému l’opinion internationale mais beaucoup moins le ministère de l’intérieur à Kiev. Recherché pour avoir organisé des troubles massifs selon les autorités il a été assigné à résidence. Le ministre allemand des Affaires étrangères qui avait demandé à son homologue ukrainien de laisser l’opposant venir en Allemagne se faire soigner s’il le souhaitait n’a pas été entendu.
D'autres cas d'enlèvements
Le jour de l'enlèvement de Dmytro Boulatov, le militant Iouri Verbitstki était retrouvé mort, dans la même banlieue de la capitale. Il avait été enlevé avec un autre militant, Igor Loutsenko qui a lui réussi à s’en sortir vivant.
Dans tous les cas, l’histoire est la même, les militants sont battus, torturés, puis abandonnés dans la forêt par des températures glaciales.
L’ONG SOS Euromaïdan a recensé 33 disparitions de manifestants. Selon d’autres organisations locales, il y aurait eu une soixantaine de cas de violences délibérées de la police à l’encontre de journalistes et de médecins. L'ONG Human Rights Watch en a confirmé treize.
Le Bureau des droits de l'homme des Nations unies a demandé hier l'ouverture d'une enquête sur ces cas d'enlèvements et de tortures. Une enquête « approfondie et indépendante ».