La «navette de Lagos» ou le tourisme de la santé au Royaume-Uni

Des centaines de femmes enceintes, originaires d’Afrique de l’Ouest prennent l’avion dans les derniers jours de leur grossesse pour venir accoucher au Royaume-Uni et bénéficier ainsi d’une prise en charge gratuite. Le gouvernement souhaite mettre un terme à ce qu'il appelle le « tourisme de la santé », un phénomène qui coûterait près de 100 millions d’euros chaque année au National Health Service (NHS).

Le Royaume-Uni fait face à un phénomène jusqu’alors méconnu : le « tourisme de la maternité ». Un rapport gouvernemental a révélé que des centaines de femmes enceintes, venant principalement d’Afrique de l’Ouest, prennent l’avion dans les derniers jours de leur grossesse pour venir accoucher en Grande-Bretagne et bénéficier ainsi d’une prise en charge gratuite au sein du système de santé britannique.

La navette de Lagos

Normalement les compagnies aériennes refusent de transporter les femmes enceintes au-delà du septième mois mais apparemment ces femmes présentent des documents médicaux falsifiés et, une fois à Londres, comptent sur le fait que la compagnie ne prendra pas le risque de les rapatrier. Les employés des services d’immigration ont ainsi arrêté plus de 300 femmes enceintes en deux ans rien qu’à l’aéroport de Gatwick à l’ouest de Londres. Le phénomène est désormais bien connu de certains hôpitaux londoniens qui appellent ça « la navette de Lagos ». Ces médecins pensent que des gangs criminels sont à l’origine de ce trafic et organisent le voyage notamment de femmes qui ont suivi des traitements contre l’infertilité et sont enceintes de jumeaux ou de triplés et qui veulent accoucher dans les meilleures conditions et aux frais du National Health Service (NHS), le service de santé public du Royaume.

Cameron dénonce ce qu'il appelle le « tourisme de la santé »

Ce sont des révélations qui surviennent à un moment où le gouvernement dit lutter contre les abus du système ; quelles sont les solutions envisagées ? Ça fait déjà un certain temps que le gouvernement conservateur de David Cameron veut mettre fin à ce qu’il appelle le « tourisme de la santé » en rappelant haut et fort que le NHS est un service de santé national, et pas un service « international ». Selon les ministres, ce phénomène coûte près de 100 millions d’euros chaque année au NHS et les premières mesures pour y remédier ont été annoncées juste après Noël : le gouvernement compte mettre en place un nouveau système d’identification des patients étrangers qui devront d’ailleurs désormais payer l’accès aux services d’urgence et il entend également récupérer auprès des pays d’origine l’argent dépensé par Londres pour soigner leurs ressortissants. Mais les détails de ces mesures ne seront pas divulgués avant mars 2014.

Les médecins sceptiques

Dans l’ensemble, la profession médicale et plus généralement le personnel du NHS sont très sceptiques et estiment que les mesures annoncées par le gouvernement resteront inefficaces parce qu’il sera très difficile de convaincre les pays des ressortissants qui n’auront pas payé leurs frais médicaux de les régler à leur place. En fait, la profession est très divisée sur la question du tourisme de la santé ou de la maternité ; si certains estiment que c’est un vrai problème et qu’il faut s’y prendre autrement en instituant par exemple un passeport ou une carte d’identité de santé pour chaque patient étranger, d’autres reprochent au gouvernement d’exagérer le phénomène pour justifier un tour de vis concernant les droits des immigrants alors que la levée des restrictions à l’entrée de travailleurs roumains et bulgares en ce début d’année a provoqué un vent de panique parmi les Britanniques...

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