La question de l'indépendance est très ancienne. L’idée d’une Ecosse indépendante n’a jamais disparu malgré le traité d’union de 1707 qui rattache les Ecossais à la couronne d’Angleterre. Un autre pas avait été franchi en 1998, avec ce qu'on a appelé au Royaume-Uni la « dévolution » : une réforme qui a abouti à la création d’un Parlement écossais avec des compétences en matière d’éducation, de santé, de justice et d’environnement.
Mais pour les nationalistes, ce n’était pas assez. La question a ressurgi avec la victoire écrasante du SNP, le parti national écossais au Parlement régional en 2011 avec une majorité absolue. Son chef, Alex Salmond, qui est aussi le Premier ministre du gouvernement écossais, a dès lors fait pression sur Londres pour mettre en œuvre une des promesses de son programme : un référendum historique sur l’indépendance des quelque 5 millions d’Ecossais. Alex Salmond promet que l'indépendance apportera la prospérité aux Ecossais.
Mais dans l’autre camp, le Premier ministre britannique met en garde contre « un saut dans l'inconnu ». David Cameron qui se serait bien passé de ce dossier embarrassant, sachant que l'Ecosse abrite des bases nucléaires britanniques et surtout des réserves pétrolières qui représentant une manne de 10,5 milliards d'euros.
Des arguments économiques déterminants
C’est l’économie qui va peser le plus lourd dans le débat, car si l’Ecosse ne peut pas être indépendante économiquement, le projet n’est pas viable. Or, il n’est plus du tout sûr que l’or noir de la mer du Nord suffise à financer son divorce avec le Royaume-Uni. Les champs pétroliers et gaziers s'épuisent, la production s'est effondrée de 50% ces dix dernières années, et les dernières réserves sont de plus en plus difficiles à exploiter.
C’est d’ailleurs ce qui pousse le gouvernement écossais à miser sur les énergies renouvelables. En début de semaine, il a donné son feu vert au plus grand projet d’usine marémotrice d'Europe, qui sera implanté dans un estuaire sur les côtes nord de l'Ecosse. Le complexe devrait fournir de l'électricité pour 42 000 foyers en 2020.
Autre problème, une Ecosse indépendante pourrait être plombée par un déficit important qu’elle devrait gérer seule. Elle hériterait aussi d’une partie de la lourde dette publique britannique, qui pourrait atteindre 70% de son PIB.
Reste la question cruciale de la devise : le SNP prévoit qu'une Ecosse indépendante garderait au début la livre sterling. Ce qui suppose de conclure une sorte de pacte de stabilité avec la Grande-Bretagne, mais qui restreindrait les marges de manœuvre de la politique économique d'Edimbourg.
Une opinion écossaise divisée
Jusqu’à présent, le débat était resté discret. Cependant, depuis cette semaine, les médias ont commencé à s’intéresser au sujet. Ce qui devrait inquiéter les pro-indépendance c’est que le nombre d’Ecossais prêts à voter pour le oui n’a absolument pas changé. Ils sont seulement un tiers en faveur de l’indépendance, un taux qui reste constant depuis une vingtaine d’années.
Pourquoi? Parce que l’indépendance fait peur. Certes, beaucoup d’Ecossais sont fiers de leur spécificité, mais ils sont aussi sensibles aux arguments du camp adverse mené par le gouvernement de David Cameron et derrière lui l’ensemble de la classe politique britannique. Ces derniers martèlent que les Ecossais bénéficient du meilleur des deux mondes et préviennent qu’il est risqué de vouloir briser une union au sein de laquelle les 4 régions du royaume (l’Ecosse, le Pays de Galles, l’Angleterre et l’Irlande du Nord) sont plus fortes pour affronter des crises.
Alex Salmond, de son côté, mise sur la jeune génération puisqu’il a inclus dans le vote les jeunes de 16 et 17 ans, plus enclins à choisir l’indépendance. Il compte aussi sur une montée de la ferveur patriotique, car 2014 va être une année importante pour l’Ecosse avec le 700e anniversaire de la victoire de Bannockburn sur l'ennemi héréditaire anglais et l’organisation des Jeux du Commonwealth.