Le Portugal ressort fragilisé d'une longue semaine de crise politique

Au Portugal, la crise politique n’est pas complètement terminée après une semaine très problématique où le gouvernement a bien failli tomber, provoquant l’inquiétude de l’Union européenne et des marchés. On semble se diriger vers une sortie de crise, même si l'on peut revenir, à tout moment, à une situation très volatile.

Les rebondissements sont incessants depuis une semaine. Cela a commencé par la démission du ministre des Finances, Victor Gaspar. Une vraie surprise parce qu’il était l’orfèvre de la politique d’austérité depuis 2011.

Vingt-quatre heures plus tard, nouvelle démission, nouvelle surprise. Cette fois, c’est le ministre des Affaires étrangères, Paulo Portas, qui démissionne. Il est, semble-t-il, furieux qu’on lui ait préféré la secrétaire d’Etat aux Finances pour occuper le poste laissé vacant par Gaspar. Portas est le leader du CDS-PP, le Parti populaire et démocrate-chrétien qui forme avec le Parti social-démocrate du Premier ministre Pedro Passos Coelho la coalition au pouvoir.

S’en est suivi un ballet incessant de tractations pour tenter de sauver cette coalition. Le scénario de cette chute est écarté, Portas et le CDS restent au gouvernement avec des pouvoirs renforcés. Entre temps, les alarmes ont été actionnées partout. La Bourse a chuté dangereusement, les taux d’intérêt du remboursement de la dette se sont envolés. L’Union européenne et l’Allemagne ont enjoint le Portugal d’agir rapidement pour empêcher une nouvelle dégradation de la situation.

La décision entre les mains du président

Le président de la République doit consulter les partis ces lundis 8 et mardi 9 juillet. Il ne fera connaître sa décision qu’après. On pense qu’elle est acquise, que le chef de l’Etat donnera son feu vert aux compromis auxquels les forces politiques en présence sont parvenues.

Paulo Portas non seulement reste au gouvernement, mais il se voit désigner comme vice-Premier ministre, une situation qui ne s’est pas vue depuis trente ans au Portugal. Et il obtient les pleins pouvoirs sur les dossiers économiques. En effet, il supervisera le ministère des Finances, sera chargé des relations avec la troïka de l’aide internationale, et conservera le rôle de réformateur de la fonction publique qui lui était attribué auparavant. Son parti a déjà la Sécurisé sociale et l’Emploi, ainsi que l’Agriculture et l’Aménagement du territoire, il pourrait récupérer l’Environnement et l’Energie et conserver la diplomatie. C’est un triomphe.

Inquiétude des Portugais

Les Portugais viennent de vivre une semaine de perplexité absolue face à des rebondissements étonnants, difficiles à transposer dans un autre pays européen. Il faut savoir que le CDS-PP représente en moyenne 10 % de l’électorat. Il a frôlé les 12 % aux législatives anticipées de 2011, ce qui lui a permis de jouer les arbitres

Mais voilà, Paulo Portas n’est plus l’arbitre, il est le donneur d’ordres. Il a renversé le choix démocratique des élections de 2011. La presse portugaise ne s’y est pas trompée, elle le qualifiait dimanche de « Premier ministre ». Le vrai, l’actuel, Pedro Passos Coelho, affirme que ça marchera comme ça. Les doutes sont permis.

Portas, qui sait endosser le rôle de défenseur du retraité et du petit commerçant, le fait au service de sa propre ambition. Même s’il prétend le contraire. La balle est aujourd'hui dans le camp présidentiel. Mais le Portugal, après la Grèce, inquiète de nouveau. Lundi 8 juillet, les ministres des Finances de l’Eurogroupe se penchent sur ces deux pays.

Partager :