Les géants du net russe craignent un sérieux ralentissement du succès du secteur de l’internet dans leur pays. Tout ça à cause… d’une loi anti-piratage ! Approuvée vendredi par la Chambre haute du Parlement russe, la loi prévoit de lutter contre le téléchargement illégal de films en faisant respecter les droits d’auteur. Tout site diffusant des films pourrait désormais se retrouver bloqué, sur décision du tribunal municipal de Moscou, sur une simple demande formulée par le détenteur des droits d’auteur.
Mais sanctionner le piratage de films pourrait bien tuer le succès que connaît internet en Russie. C’est, du moins, ce que soutiennent les principaux groupes internet du pays, dans une lettre ouverte adressée jeudi aux députés russes, pour protester contre cette loi qui ne prendrait pas en compte « les intérêts des médias russes et du secteur de l’internet ».
Télécharger, oui, mais en toute liberté
« Tout en reconnaissant l’existence de problèmes liés à la défense des droits d’auteur sur internet, nous exprimons nos sérieuses craintes […] Ce projet de loi va mettre un terme au succès de l’internet en Russie », écrit l’Association russe des communications téléphoniques dans son courrier.
Une situation pour le moins ironique. Surtout lorsque l’association, comprenant la branche locale de Google, dénonce les « nombreux abus et pratiques de concurrence déloyale » que pourrait engendrer cette loi. Selon la fédération, la moitié des demandes de blocage sont formulées par des sites concurrents dans les pays ayant adopté des procédures similaires.
La Russie rappelée à l’ordre
Le secteur de l’internet représente 4,62% du produit intérieur brut de le Russie, pays occupant la quatrième place dans le monde en termes d’investissements dans ce domaine. Faire respecter les droits d’auteur pourrait donc nuire à la croissance du secteur et perturber les habitudes des internautes. Car le marché russe reste marqué par la pratique du téléchargement illégal, alors que les kiosques à DVD et CD contrefaits se sont raréfiés.
Ce renforcement de la lutte contre le piratage sur internet fait suite aux pressions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), que la Russie a intégrée en août 2012, et de l’Alliance internationale de la propriété intellectuelle, représentant essentiellement l’industrie américaine. Pourtant, des dizaines de sites russes proposent toujours de télécharger gratuitement des films ou de les regarder librement en streaming.