Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
Six cents études dans 50 cliniques et plus de 50 000 personnes concernées. L’ampleur des tests pour de nouveaux médicaments menés dans l’ex-RDA par des groupes pharmaceutiques de l’Ouest -souvent à l’insu des patients- prend une nouvelle dimension.
L’hebdomadaire Der Spiegel avait évoqué ce douloureux dossier dès 1991. Il a eu depuis accès à de nouveaux documents montrant que les besoins en devises d’une Allemagne de l’Est communiste aux abois dans les années 1980 ont conduit à des pratiques plus que douteuses.
Les effets indésirables pour des patients souvent mal ou pas du tout informés, les morts causées par ces tests, étaient secondaires, car les études pouvaient rapporter jusqu’à 400 000 euros à l'Est. Pour les groupes pharmaceutiques ouest-allemands, comme Bayer ou Hoechst, ces cobayes ne coûtaient pas cher. Les lois plus strictes adoptées en RFA pouvaient être contournées.
Interrogées par Der Spiegel, les entreprises concernées estiment que ces tests obéissaient à de strictes règles. La fédération des chercheurs de l’industrie pharmaceutique ne voit pour l’instant rien « d’irrégulier » dans ces pratiques.