La City et le patronat sont vent debout contre un projet surtout alimenté par les politiques. Les ultra du Parti conservateur, ou encore le nouveau Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni, violemment anti européen, relaient le mécontentement des « victimes » de l'intégration européenne. D'abord les contribuables, qui estiment que le droit de péage de l'Union est encore trop lourd, et cela alors que le Royaume Uni bénéficie d'un traitement de faveur âprement négocié par Margaret Thatcher. Parmi les euro-sceptiques, on retrouve également les chômeurs qui subissent la concurrence des travailleurs venus d'Europe de l'Est. Mais aussi les patrons des petites entreprises, ils trouvent que les lois sur le temps de travail imposées par Bruxelles freinent leur activité. Enfin, depuis toujours les pêcheurs artisanaux se sentent lésés par la politique européenne de pêche qui autorise les navires étrangers à jeter leurs filets dans les eaux territoriales britanniques.
Le Royaume-Uni a-t-il pâti de son entrée dans l'Union européenne ?
Difficile à dire, il n'existe pas d'études de référence sur ce sujet. En revanche, les milieux dirigeants savent ce qu'ils pourraient perdre et ils l'ont fait savoir. Les grands patrons ont été les premiers à s'exprimer. Il vaut mieux être à l'intérieur pour promouvoir notre vision anglo-saxonne de l'économie que subir de l'extérieur a expliqué John Cridland de la confédération de l'industrie britannique. Même état d'esprit à la City. Elle est hostile à la supervision bancaire prônée par Bruxelles, mais pas au point de se passer des flux financiers que procure la zone euro. Car les grands patrons britanniques, qui sont par ailleurs les argentiers traditionnels du Parti conservateur de David Cameron, redoutent des effets négatifs concrets sur les affaires.
La City pro-européenne
Si les Britanniques venaient à distendre leur liens avec l’Union européenne, la City perdrait de son attrait pour les investisseurs internationaux. Elle est aujourd'hui la première place financière mondiale pour les transactions en euro parce qu'elle jouit du statut de porte d'entrée financière dans l'Europe des 27. Les velléités britanniques de quitter l'Union pourraient effrayer les opérateurs de l'Union comme ceux des pays tiers. La City s'est donc montrée catégorique : le Royaume-Uni doit rester totalement engagé en Europe a déclaré l'un de ses représentants. Enfin, en terme d'échanges, la moitié des exportations du royaume sont destinées à des pays de l'Union. L'absence de barrières profite donc pleinement aux entreprises tournées vers l'extérieur.
Face à ces résistances, David Cameron pourrait-il tempérer ses ardeurs anti-européennes ?
C'est ce qu'on découvrira vendredi matin en écoutant son discours. Le Premier ministre britannique sait aussi qu'il va s'exprimer devant un public pas forcément acquis à sa cause. Les Néerlandais partagent une vision libérale du monde avec les Britanniques mais ils sont partisans d'une plus grande intégration européenne et non l'inverse et ils l'ont fait savoir avant d'accueillir leur hôte britannique.