Avec notre correspondant à Varsovie, Damien Simonart
Elle se trouve derrière une porte condamnée dans une cour où personne n'a accès. La statue d'Hitler agenouillé dans un corps d'enfant n'est visible que de dos, à travers un trou dans la porte. « Je n'arrive pas à me l'imaginer en train de prier. Je ne pense pas qu'il priait beaucoup. Dieu devait l'aimer mais je ne suis pas sûre qu'il aimait Dieu », avance Cristina Migda, une touriste américaine, en découvrant l'oeuvre.
A deux pas de l'ancien ghetto se trouve la synagogue de Varsovie. Le grand rabbin de Pologne, Michael Schudrich, perçoit l'exposition de Maurizio Cattelan comme une provocation envers les victimes de l'holocauste. « Placer la statue ici, rue Prozna, dans une partie de l'ancien ghetto est un manque de sensibilité et cela me pose un problème », critique-t-il.
La conservatrice de l'exposition n'est pas de cet avis. Pour Justyna Wesolowska, la statue ne cherche pas à rendre Hitler sympathique mais à montrer que le mal peut être partout. « Le mal n'a pas de visage. Si on pense que le mal est resté enfermé dans un tiroir de l'histoire avec un visage concret que l'on hait, c'est qu'on est naïf ! », explique-t-elle.
Pour ou contre, une fois de plus, le controversé Maurizio Cattelan a réussi à faire parler de son oeuvre.