Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Les responsables de Marie Stopes savaient que l’opposition à leur clinique serait virulente dans une province très religieuse et ont d’ailleurs gardé leur adresse secrète le plus longtemps possible. Quelque 200 manifestants, catholiques et protestants confondus, se sont rassemblés devant l'entrée, brandissant des pancartes contre l'avortement et égrenant des chapelets.
Mais l’organisation caritative basée à Londres se dit déterminée à proposer des services de qualité dans le cadre légal actuel en Irlande du Nord qui est très contraignant. Car la province a beau faire partie du Royaume-Uni, la loi de 1967 sur l’avortement ne s’y applique pas. A la place, elle est soumise à un texte datant de 1861 qui rend illégale l’interruption volontaire de grossesse (IVG) sauf quand elle met en péril la vie ou la santé mentale d’une femme. L’avortement ne peut être pratiqué que dans les 9 premières semaines de grossesse contre 24 semaines dans le reste du royaume, ce qui pousse chaque année des milliers de Nord-Irlandaises à faire le voyage en Angleterre pour se faire avorter.
C’est dans ce contexte difficile que la clinique Marie Stopes entend offrir un environnement « sûr et à l’écoute », si toutefois les femmes osent franchir le pas de sa porte au milieu des violentes protestations des anti-avortements inquiets d’une généralisation de l’IVG.