Avec notre envoyé spécial à Bursa, Jérôme Bastion
Sevil est sortie quelque peu abasourdie de cette première audience, étonnée que la cour lui reproche des faits qui n’ont rien à voir avec l’accusation, dit-elle. Elle n’a rien fait de mal, en parcourant des sites internet d’information par exemple, ou même en distribuant des tracts pour demander la gratuité de l’enseignement, énumère-t-elle.
Manifestement prise dans une machine qui la dépasse, Sevil Sevimli tente de se justifier un peu maladroitement. Elle n’a commis aucun crime, c’est vrai, mais la cour cite des écoutes téléphoniques, présente des photos où elle dit ne pas se reconnaître.
Autant de preuves, de relations suivies, avec des militants sans doute beaucoup plus engagés qu’elle, à l’extrême gauche, et elle a du mal à convaincre qu’elle ne savait pas ce qu’elle faisait, qu’elle ne savait pas ce que, eux, faisaient, ni qu’elle ne savait pas ce qu’est le DHKP-C, le Front révolutionnaire de libération du peuple.
Ses activités, même si elles sont avérées, n’en font pas, bien sûr, une terroriste. Mais la justice turque a toujours eu la main très lourde avec cette organisation connue pour ses attentats sanglants, dont le dernier remonte au 11 septembre dernier, qui avait coûté la vie à un policier à Istanbul.
Au terme de l'audience, les juges ont levé le contrôle judiciaire imposé à la jeune femme depuis sa remise en liberté le 6 août. Mais ils ont rejeté sa demande d'autorisation de retour en France d'ici à la reprise du procès, fixée au 19 novembre. A l'annonce de cette décision, la mère de l'accusée, présente au procès, a fondu en larmes. Très déçue, Sevil Sevimli a refusé de répondre à la presse à l'issue de l'audience.