Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Au total huit dépôts de munitions diverses étaient situés sur le site de ce complexe militaire, où ce mercredi soir 5 septembre deux explosions ont retenti, la première dans un bâtiment où étaient stockés des grenades.
Un incendie de forêt s’est ensuite déclaré dans les environs, qui a duré presque toute la nuit, car la puissante déflagration a projeté des explosifs, parfois non détonés, dans un rayon de plus d’un kilomètre à la ronde.
Les habitations alentours ont été endommagées (sans faire de blessé civil) et évacuées le temps de ramasser les débris ou les explosifs de toutes sortes, des grenades ou des bombes d’avions, disséminés dans les environs.
L’éventualité d’un acte prémédité, donc d’un sabotage ou d’un attentat, est bien sûr sur toutes les lèvres mais, selon le ministre des Forêts, il s’agirait d’un simple accident ; de son côté l’état-major parle beaucoup plus prudemment d’une explosion d’origine pour l’instant inexpliquée. L’importance du bilan humain inspire en revanche à deux hauts gradés des commentaires beaucoup plus dubitatifs.
L’un, le général Haldun Solmaztürk, se demande par exemple comment et pourquoi autant d’hommes pouvaient se trouver à 9 heures du soir ensemble dans ou, aux abords immédiats d’un dépôt de grenades, et ensuite comment et pourquoi l’une de ces grenades a été sortie de sa caisse au vu de tous ou presque, et surtout détonnée, alors que ces engins sont normalement stockés sans goupille de mise à feu.
Si l’acte n’est pas volontaire, dit-il, il y a en tous cas une incroyable chaîne d’erreurs difficile à justifier. Quant au colonel Mithart Isik, il se demande pourquoi de simples appelés étaient chargés de manipuler ce matériel hautement sensible, normalement confié à des hommes expérimentés. Bref, il reste beaucoup de zones d’ombres autour de ce drame, qui n’est pas le premier en Turquie, mais de loin le plus meurtrier, et probablement même dans le monde.