Avec notre envoyée spéciale à Venise, Sophie Torlotin
L'intégriste malgré lui, c'est Changez Khan, un universitaire distingué de Lahore, suspecté d'être lié à la mouvance terroriste pakistanaise. C'est lui le narrateur du film, car il va raconter dix années de sa vie à un journaliste américain venu l'interviewer.
«Ne vous fiez pas aux apparences», lui dit-il d'emblée. Et de même, le film de Mira Nair va s'employer à déjouer l'approche manichéiste du choc des civilisations. Car avant de devenir cet intellectuel recherché par la CIA, Changuez était promis à un brillant avenir dans la finance aux Etats-Unis. Devenu suspect dans son pays d'adoption après les attentats du 11 septembre, victime d'un climat de paranoïa sécuritaire, le jeune surdoué de la finance choisit de retourner au Pakistan.
En renvoyant dos à dos deux types de fondamentalismes, religieux avec l'islamisme et économique avec l'ultralibéralisme, le film n'est pas toujours très subtil. Mais il tend aux Occidentaux, et particulièrement aux spectateurs américains, un miroir sévère. Et d'autant plus juste que c'est une Indienne, Mira Nair, qui offre cette leçon de tolérance et d'appel au dialogue avec les Pakistanais.