En Turquie, nouvelle rafle de militaires accusés de complot

La police turque a arrêté ce jeudi 12 avril une trentaine de personnes, militaires essentiellement, qui devront répondre de tentative de renversement de l’ordre constitutionnel et d’entrave à l’action du gouvernement pour avoir fait tomber, en 1997, le gouvernement de l’islamiste Necmettin Erbakan. Parmi les suspects, l’ancien chef d’état-major adjoint Cevik Bir, principal responsable de coup d’Etat qualifié alors de « post-moderne », parce qu’effectué en douceur, sans usage de la force.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Le 28 février dernier, pour le 15e anniversaire de ce putsch de velours, le Premier ministre Tayyip Erdogan avait prévenu que ses auteurs et leurs soutiens ne seraient jamais pardonnés, même si 1 000 ans s’écoulaient entre temps.

La vague d’arrestations de ce jeudi et le procès qui s’ensuivra ne sont donc pas une surprise, mais Monsieur Erdogan se voit accusé d’avoir voulu prendre une revanche sur ceux qui avaient à l’époque déposé son mentor Necmettin Erbakan, et fait ensuite interdire le parti de la Prospérité où lui-même commençait à monter en grade.

L’armée turque avait alors mis le gouvernement en coupe réglée, le forçant par exemple à fermer des écoles formant des prédicateurs, mais surtout créée une structure illégale baptisée « Groupe de travail de l’Ouest », découverte longtemps après, qui espionnait littéralement les responsables gouvernementaux mais aussi des centaines de civils.

Soutenus par une presse elle aussi sous contrôle, ces militaires avaient fini par faire tomber la coalition en place avant que le vice-Premier ministre islamiste ne prenne son tour à la tête du gouvernement. Tout était rentré dans l’ordre, sans faire de vagues, mais Monsieur Erdogan n’avait pas oublié, il se félicite aujourd’hui que justice soit rendue.

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