Le 25 janvier, le président russe Dmitri Medvedev a été interpelé par un étudiant. « Notre pays est actuellement en situation tendue, révolutionnaire. Etes-vous prêt à assumer vos responsabilités ? », lui a demandé Vladimir Poliakov, étudiant de la faculté de journalisme de l’Université de Moscou. « Comprenez-vous que vous pourriez être condamné même à la peine de mort ? Etes-vous prêt à accepter ça courageusement comme l’a fait Saddam Hussein ou allez-vous émigrer en Corée du Nord ? », a-t-il insisté. M. Medvedev, visiblement étonné, a répondu « Quand on est président, on doit être prêt à faire face à tout. Moi aussi, j’y suis prêt ». Puis il a ajouté en souriant « C’est peut-être la question la plus courageuse que vous ayez posée dans votre vie. »
« Le Kremlin autorise l'apparition des opposants pour garder le pouvoir »
Depuis les législatives du 4 décembre, remportées avec près de 50% des suffrages par le parti au pouvoir Russie unie, les autorités russes font face à un mouvement de contestation sans précédent. Ces législatives ont été marquées par des fraudes selon l’opposition et des observateurs. Le pouvoir tente donc de laisser la contestation s’exprimer : « le Kremlin à décidé qu'en autorisant l'apparition des opposants, il pourra garder le pouvoir », a ainsi estimé l'expert des medias Daniil Dandoureï. « Un miracle a eu lieu dimanche soir à la télévision officielle: pour la première fois depuis des années, les chaînes NTV et Pervy ont donné la parole à l’opposition », a ainsi écrit sur le site de la radio indépendante Echo de Moscou l’ex-ministre russe de l’Economie Andreï Netchaïev.
En prime-time, il dénonce « le parti de voleurs et de fripouilles » de Poutine
Des leaders de l’opposition russe, dont Boris Nemtsov et Vladimir Ryjkov, sont ainsi apparus sur des chaînes de la télévision officielle après plusieurs années de censure. C’est donc en prime-time que le libéral Vladimir Ryjkov a dénoncé « le parti de voleurs et de fripouilles » de M. Poutine sur la chaîne Pervy (Première). La semaine dernière, il s’agissait d’autres opposants comme l’ex-champion des échecs Garry Kasparov et un ancien conseiller économique de M. Poutine passé à l’opposition, Andreï Illarionov, qui étaient apparus brièvement à la télévision officielle.
La popularité de M. Poutine, Premier ministre depuis près de quatre ans, est en baisse, mais il reste le grand favori de la présidentielle de mars, à l’issue de laquelle il compte revenir au Kremlin qu’il avait dû quitter après deux mandats consécutifs (2000-2008). Alors dans la rue, et dans l’attente de la manifestation du 4 février, la contestation s’organise avec beaucoup d’humour…