Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Plusieurs milliers de personnes tentent de converger vers la place Triumphalnaya, lieu traditionnel de rassemblement de l’opposition, mais il est occupé par des milliers de jeunes scandant « Russie, Poutine ».
Blottie contre son mari, Anna a les larmes aux yeux. « Après ces élections, je vais aller à toutes les manifestations. Mais le pire c’est que notre télévision zombie ne montrera que ces gens qui crient Russie, Poutine, Medvedev », se désole-t-elle.
La police n’inquiète pas les militants pro-Kremlin, mais repousse énergiquement les manifestants de l’opposition, qui scandent « La Russie sans Poutine » ou « Poutine est un voleur ». Sacha manifeste rarement, et s’il est venu aujourd’hui, c’est parce qu’il est persuadé que les élections de dimanche ont été très sales : « Je n’ai pas voté pour Poutine et je ne connais personne qui a voté pour lui. Donc il ne peut avoir 50% ici. Je pense qu’on nous a volé 30% des voix ».
Pour la deuxième soirée consécutive, l'opposition fait le plein. Oleg Orlov, le président de l'ONG Mémorial, y voit le signe d'une évolution de la société. « La situation a changé. Les gens qui jusqu’à présent étaient mécontents mais qui exprimaient ce mécontentement sur internet, via Twitter, Facebook, sont sortis dans la rue. Grâce à internet, tout le monde a vu comment ils ont falsifié effrontément cette élection, et je crois que ça a joué un rôle dans cette mobilisation », affirme Oleg Orlov.
Malgré les centaines d'arrestations, de nouveaux appels à manifester ont été lancés sur internet.