L’analyse de Moody's est sans appel. Pour cette agence de notation, le risque vient de l’état des finances publiques non viables sur le long terme. Moody’s pointe notamment les défaillances du système bancaire du pays trop dépendant des financements extérieurs. Depuis le début de la crise en zone euro, le crédit se fait plus rare. Moody’s juge le secteur bancaire slovène insuffisamment capitalisé pour affronter de nouveaux chocs.
Deuxième raison de la dégradation de la note : les faibles perspectives de croissance. Ljubljana a du revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour cette année. Elle est passée de 1,5% du PIB contre 2,2% prévu précédemment. Le pays, largement exportateur et sous-traitant a vu, en effet, ses premiers marchés commerciaux, l’Allemagne et l’Italie (plus de 40% des exportations slovènes), durement touchés par la crise.
Une dette inférieure aux critères de stabilité
Face à la baisse des carnets de commande, le gouvernement a décidé de nouvelles mesures d’économies de 365 millions d’euros pour pouvoir atteindre son objectif d’un déficit public de 5,5% cette année. En revanche, sa dette publique qui est passée de 22,5% à 43,3% du PIB entre 2008 et 2010, reste bien inférieure aux critères du fameux Pacte de Stabilité qui impose une dette inférieure à 60% du produit intérieur brut (PIB). Enfin, le chômage qui a quasiment doublé en trois ans, reste élevé (10%).
L’agence Moody’s juge également que l’incertitude politique dans le pays fait peser un risque sur la mise en place des réformes structurelles. Parmi ces réformes nécessaires celle du système des retraites en raison des coûts du vieillissement de la population. Une réforme qu’a bien du mal à mettre en place le gouvernement actuel de centre gauche du Premier ministre Botur Pahor.
Le rejet de la réforme des retraites
Adoptée en décembre dernier par le Parlement de Ljubliana, cette réforme des retraites a, en effet, déclenché une grande hostilité dans le pays. Au point que les syndicats slovènes et le principal parti d'opposition de centre-droit, ont obtenu l'organisation d'un référendum. Les électeurs slovènes ont rejeté à une large majorité le recul de l'âge légal de la retraite de 62 à 65 ans. Le résultat de ce scrutin s’est soldé par l’abandon de la coalition gouvernementale, du parti des retraités. Résultat, les deux partis au pouvoir, les sociaux-démocrates et les libéraux-démocrates se sont retrouvés avec un trentaine de députés au Parlement. Ljubliana se dirige désormais vers des élections anticipées. Le scrutin devrait se tenir en fin d’année au plus tôt.
La chute du gouvernement de centre gauche intervient au plus mauvais moment pour l’Europe en pleine crise de la dette. Cela pourrait dresser un frein à la mise en place du renforcement des pouvoirs et des moyens du Fonds européen de stabilité financière (FESF) décidé par les grands argentiers de la zone euro le 21 juillet dernier. Le Luxembourg, la France et la Belgique ont déjà donné leur feu vert à cette réforme du FESF, le Parlement slovène devait le faire dans les prochains jours.