JMJ: l'Eglise espère raviver la flamme de la religion en Espagne

Au premier jour des Journées mondiales de la jeunesse ce mardi 16 août 2001 à Madrid, l'Espagne reste-t-elle l’un des principaux bastions de l’Eglise catholique ? Le choix de la capitale espagnole pour les JMJ n’est peut-être pas un hasard. Avec la venue du pape Benoît XVI le jeudi 17 août 2011, l’Eglise catholique espère raviver la religion, en perte de vitesse dans le pays. Près d’un million de jeunes chrétiens du monde entier sont attendus.

Avec le règne des rois catholiques, l'Espagne a toujours constitué une société pieuse. De même, la période franquiste, de 1939 à 1977, s'est caractérisée par le monopole religieux de l'Eglise et par son emprise sur l'ensemble de la société. Une Espagne aux valeurs traditionnelles nationalistes et antimodernistes. Mais ces dernières décennies, la société a profondément changé. Elle s’est modernisée, démocratisée. De plus, l’immigration légale et illégale continue à en modifier la composition.

Rupture avec le passé
 
La Constitution de 1978 a proclamé la laïcisation des institutions. Pour la première fois dans l’histoire espagnole, le texte est développé par consensus et approuvé par référendum, après la dissolution des institutions du régime du dictateur Franco. La fin du franquisme a mis un terme aux valeurs qui lui étaient associées. Une mutation marquée par le mouvement culturel de « La Movida  », au début des années 80.

« La Movida » (Movida madrileña) est le nom du mouvement culturel créatif né à Madrid, la capitale espagnole, et qui a touché l'ensemble du pays après la mort du général Franco. Ce mouvement, porté par la jeunesse en demande de renouveau, s’inscrit dans le contexte de démocratisation et de libération de cette période. « La Movida » a contribué à la modernisation et à l'intégration de la société espagnole dans l'Europe démocratique. Un mouvement culturel et artistique qui a rejailli sur les mœurs sociales.

Réformes et changements

La réforme de la loi simplifiant le divorce en 1981, la dépénalisation de l’avortement en 1985 ou la légalisation du mariage entre homosexuels en 2005 aussi, - « la pire chose qui ait pu arriver à l’Eglise catholique en 2000 ans », selon la Conférence épiscopale -, ont énormément contribué au changement de la société espagnole. Avec les socialistes au pouvoir en 2004, la société espagnole a continué à se libéraliser.

Aujourd'hui, 73% des Espagnols se disent catholiques, contre 80% en 2002, et environ 14% disent aller à la messe. Les unions civiles ont dépassé les mariages religieux depuis 2009 et un enfant sur trois naît hors mariage. En 2010, les unions homosexuelles ont atteint 2,1%.

En ce qui concerne l’euthanasie, le journaliste espagnol Juan G. Bedoya rappelle dans le quotidien El Pais que plus de 65% des jeunes Espagnols veulent la dépénaliser. Pour le théologien Juan José Tamayo, l'Eglise « est loin des préoccupations » des jeunes Espagnols.
 
Les JMJ, un motif d’espérance pour l’Eglise

Quant à savoir si l'Espagne représente une terre à reconquérir pour l'Eglise, Monseigneur Podvin, porte-parole des évêques de France, estime sur RFI que le fort recul de l’Eglise espagnole est dû aux mutations très grandes de la société. « Il y a pour le pays qui accueille (les JMJ) un défi à se renouveler », ajoute-t-il.

La Croix.fr du 12 août dernier rappelle que « dans un paysage catholique morose, marqué par la diminution de la pratique et des vocations », les Journées mondiales de la jeunesse « sont devenues pour l’Eglise un motif d’espérance. » Mais le site note cependant « le risque de voir se développer un événement de plus en plus important, en recherchant à tout prix les records de participations, dans une volonté d’affichage. »

Dans les archives :

RFI 2010 : En Espagne, le pape appelle l'Europe à s'ouvrir à Dieu

RFI 2010 : Benoît XVI : la foi chrétienne doit «retrouver une nouvelle vigueur» en Europe

RFI 2008 : Sydney accueille les JMJ

RFI 2005 : Benoît XVI au défi des JMJ à Cologne

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