Espagne : le richissime patron de Zara passe la main

Il possède la plus grosse fortune d’Espagne. À 75 ans, Amancio Ortega, le fondateur du numéro un mondial de l'habillement Inditex, propriétaire de la célèbre marque Zara, cède mardi 19 juillet la direction de son groupe. Une semi-retraite puisqu’il restera le premier actionnaire avec près de 60% des actions.

Son père était cheminot et il a quitté l’école à 13 ans. En 1979, il était propriétaire de six boutiques de vêtements. Aujourd’hui, il est à la tête d'un empire. Le groupe Inditex est un géant du textile : plus de 5 000 magasins et quelque 100 000 employés dans le monde entier. Amancio Ortega est l'homme le plus riche d'Espagne et le neuvième du monde, selon le dernier classement du magazine Forbes. Sa fortune est estimée à 31 milliards de dollars (environ 22 milliards d'euros).

Adolescent, il commence à travailler comme vendeur dans un magasin de chemises à La Corogne, en Galice (nord-ouest de l'Espagne). À 18 ans à peine, il crée déjà son atelier de confection. D'abord comme grossiste. Année après année, son entreprise s’agrandit à des magasins de détail. Il ouvre la première boutique de la marque Zara en 1975, toujours à La Corogne. Suivront une deuxième, une troisième, jusqu'à passer les frontières : le Portugal en 1988, les Etats-Unis en 1989, la France en 1990.

Aujourd’hui, Amancio Ortega a conquis le monde, devenant milliardaire grâce à son groupe Inditex et sa marque emblématique Zara. Réputé pour fuir les médias, il confie à Covadonga O'Shea, seule journaliste qui a réussi à l'approcher pour écrire sa biographie : « Je veux que dans la rue, seuls puissent me reconnaître ma famille, mes amis et les gens avec qui je travaille ».

Kate Middleton s’habille en Zara

Marié deux fois et père de trois enfants, son visage reste longtemps inconnu du grand public. Amancio Ortega est discret à l’extrême. Il n’accepte de poser pour une photo officielle qu'à l'occasion de l'entrée en Bourse du groupe en 2001. Pour fêter la consécration.

Il faut dire qu’en près de 40 ans, Zara est devenue le fer de lance d'un empire de la mode à petit prix, Inditex (Industria de diseño textil) qui compte d’autres marques comme Massimo Dutti, Oysho ou encore Bershka. Le groupe est le premier vendeur de vêtements au monde. Sans jamais faire de publicité, Zara compte parmi ses clientes des célébrités comme la princesse de Galles Kate Middleton et sa sœur Pippa.

La crise, Inditex n’en a pas subi les conséquences. Son bénéfice a fait un bond de 30% en 2010, à 1,7 milliard d'euros. Il est présent dans 78 pays. Ses plus récentes conquêtes : l'Inde et l'Australie. Longtemps accusé de copier de grands créateurs comme Chanel, le groupe a su imposer un modèle économique qui privilégie un approvisionnement de proximité, à plus de 50% d'Europe et du Maroc, afin d'économiser en coûts de transport et d'être le plus souple possible.

80% des effectifs travaillent à temps partiel

Les clés de la réussite d’Inditex résident aussi dans une extraordinaire variété et un renouvellement permanent des collections. Environ 40% des stocks tournent toutes les semaines, les arrivages débarquent en boutique tous les trois jours. La collection, dessinée par quelque 600 stylistes, comptait en 2010 plus de 30 000 modèles.

Revers de la médaille : les conditions de travail du personnel. Début juillet 2011, une partie des salariés espagnols ont manifesté pour dénoncer leur précarité, affirmant que 80% des effectifs travaillent à temps partiel avec de bas salaires.

Mardi 19 juillet, l'assemblée des actionnaires d’Inditex entérinera le départ de son président historique – il restera actionnaire majoritaire – et votera l’intronisation de Pablo Isla, un avocat de formation de 47 ans qui a été secrétaire général de Banco Popular et co-président d'Altadis. Fidèle à son habitude, Amancio Ortega ne sera pas là. Mais il n’est pas exclu que, fidèle à une autre de ses habitudes, on le trouve à la cantine en train de déjeuner avec des employés.

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