Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Selon la version privilégiée par les enquêteurs russes, le tueur présumé de Natalia Estemirova est un rebelle tchétchène qui aurait été tué dans une opération antiterroriste. L'arme du crime a été retrouvée dans sa maison, plusieurs mois après l’assassinat, dans des circonstances que Svetlana Gannouckhkina, de l’ONG Memorial, juge plus que suspectes : « Cela donne la chose suivante : l'homme avait conservé le pistolet chez lui et avec l'arme du crime, il y avait sa photo. Cela n'est pas réaliste. Ce type d'élément nous fait penser que ça a été fabriqué de manière grossière. En tout cas, c'est fait pour éloigner l'attention de ceux qui pourraient être les vrais meurtriers ».
L’organisation Memorial reproche à la justice d'avoir abandonné la piste de l'implication d'une division de la police tchétchène dans l'assassinat. Après la mort de sa collaboratrice, le président de l’ONG Memorial, Oleg Orlov, avait accusé le chef de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, d’être politiquement responsable de cet assassinat. Une version qu’il maintient aujourd’hui. « C'est un homme sous la présidence duquel les défenseurs des droits de l'homme et les experts indépendants sont appelés ennemis du peuple, un homme qui a créé ce climat en Tchétchénie qui a permis ce meurtre ».
Le rapport de Memorial a été remis au président russe au début du mois. Il n'a donné lieu à aucune réaction officielle.