«Soit l'Europe va écrire l'Histoire, soit l'Histoire va effacer l'Union européenne» a lancé Georges Papandréou à ses alliés du Pasok, le parti socialiste grec, pour leur donner la mesure de la gravité de la situation. Le Premier ministre est en effet le dos au mur. Pour continuer à lui verser des financements, l'Union européenne a posé une condition : le plan de rigueur doit être adopté par le Parlement grec. Or Georges Papandréou ne dispose que d'une courte majorité au parlement : 155 voix sur 300.
Or face au mouvement social qui prend de l'ampleur, plus d'une trentaine de députés de sa majorité avaient commencé à faire entendre leurs divergences. Après une réunion de six heures ce jeudi 16 juin, les parlementaires socialistes semblent avoir changé de stratégie et désormais prêts à soutenir le gouvernement remanié.
Il est à peu près acquis que le ministre des Finances, le très impopulaire Georges Papaconstantinou, partira. Il est en effet l'artisan du plan de redressement de l'économie que la Grèce a dû consentir contre l'octroi d'un prêt de 110 milliards d'euros accordé en mai 2010 par l'Union européenne à la Grèce. A ce titre, il est l'une des bêtes noires des manifestants mais il y a peu de chances que cela suffise à calmer la colère de la rue.
Serrer davantage la vis de l'austérité
Le prêt de 110 milliards d'euros débloqué en mai 2010, accompagné d'un premier paquet de mesures d'austérité, s'étant avéré insuffisant à ce jour pour permettre au pays de retrouver la confiance des marchés, il faut chercher à faire des économies complémentaires. Elles sont au coeur du projet de budget pluri-annuel qui devra être voté d'ici la fin du mois de juin.
Ce projet de budget prévoit 28 milliards d'euros d'économie d'ici 2015. Dès cette année, la Grèce s'est engagée à économiser un peu plus de 6 milliards d'euros . Pour ce faire, le gouvernement prévoit une augmentation des taxes, avec notamment une hausse de la TVA sur la restauration de 13 à 23%, une hausse de la fiscalité immobilière et une baisse des exonérations fiscales. Un impôt de solidarité doit aussi être instauré. Toujours du côté des recettes, la lutte contre l'évasion fiscale devrait rapporter 800 millions d’euros dès 2013. Et le processus de privatisation va être accéléré.
En ce qui concerne les dépenses, l'Etat prévoit de fermer ou de regrouper des établissements publics pour économiser environ 500 millions. Par ailleurs, et cela devrait permettre 1 milliard 600 millions d'euros d’économie, le nombre de fonctionnaires sera réduit et leur salaire devra baisser. Des coupes vont également être effectuées dans les avantages sociaux. Certaines allocations chomage et pensions de retraite vont baisser.
C 'est ce plan, réclamé par l'UE et le FMI, que le Premier ministre Georges Papandréou ne parvient pas pour l'instant à imposer et que les Grecs rejettent massivement.