En Serbie, fin de cavale pour Mladic

« Une journée historique pour la justice internationale » : c’est en ces termes que Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, a salué l’arrestation de Ratko Mladic, effectuée au petit matin par la police serbe dans le petit village de Lazarevo, près de Zrenjanin, dans le nord du pays.

Rien ne laissait présager l’imminence de l’opération. Ratko Mladic a été arrêté par les unités spéciales de la police serbe dans le petit village de Lazarevo, près de Zrenjanin, dans le nord du pays. Il se dissimulait sous l’identité d'un certain Milorad Komanic. Les circonstances exactes de l’arrestation ne sont pas encore connues mais, d’après la radio serbe B92, les habitants du village auraient ignoré l’existence de ce Milorad Komanic. Mladic n’aurait opposé aucune résistance et se serait même montré très « coopératif ».

Ratko Mladic, l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie-Herzégovine, était recherché par le TPIY de La Haye depuis 1995. Considéré comme le principal responsable du massacre de Srebrenica, il est accusé de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide. Durant quinze années d’une longue cavale, il a bénéficié de multiples protections. En 2005, une télévision de Bosnie-Herzégovine avait encore pu diffuser des images du fugitif, menant une vie tranquille, sans se cacher. L’arrivée au pouvoir d’une coalition pro-européenne en Serbie, en mai 2008, a toutefois changé la donne.

Quelques semaines après la formation du nouveau gouvernement, le 21 juillet 2008, Radovan Karadzic, l’ancien président des Serbes de Bosnie, était arrêté en plein centre de Belgrade, où il vivait sous une identité d’emprunt, celle du « bon docteur Dabic », spécialiste de médecine naturelle. Selon les premières informations communiquées par la police, il ne semble pas que Mladic, contrairement à Karadzic, ait modifié son apparence physique, mais il aurait « beaucoup vieilli ».

Obstacle levé

Cette arrestation représente un immense succès pour les autorités serbes qui étaient régulièrement critiquées par la communauté internationale pour leur coopération insuffisante avec la justice internationale et leur incapacité à arrêter Ratko Mladic. Il y a deux jours, le Procureur général du TPIY, Serge Brammertz avait encore rendu un rapport très critique pour Belgrade. Le principal obstacle qui bloquait encore la Serbie sur la voie de l’intégration européenne est désormais levé. La Serbie espère obtenir le statut de pays candidat d’ici la fin de l’année, mais certains pays européens, comme les Pays-Bas, demeuraient très réservés.

Le président Boris Tadic a tenu une conférence de presse à 13 heures pour confirmer l’arrestation de Ratko Mladic et salué l’opération menée par les unités spéciales de la police. Il a souligné que la Serbie venait « de tourner une page de son histoire ». Désormais, un seul inculpé du TPIY reste encore en cavale, Goran Hadzic, un ancien responsable politique des sécessionnistes serbes de Croatie.

 

 

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