Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Moscou a son avenue Sakharov, mais toujours pas de monument en l'honneur du grand physicien. Le 90e anniversaire de l’académicien-dissident est surtout célébré par les défenseurs des droits de l’homme et des figures de l’opposition. Aucune célébration n’est prévue de la part des autorités russes.
Pour l’ancienne dissidente Lioudmila Alexeeva, la mémoire de Sakharov dérange le pouvoir actuel. « Ils ne veulent pas se souvenir de Sakharov, de ses principes de vie, parce qu'ils ne les suivent pas. Sakharov parlait d'un Etat où les droits de l'homme et la dignité de chaque citoyen seraient respectés, et ça n'est pas le cas avec notre gouvernement actuel, voilà tout ».
Prix Nobel de la paix en 1975, Andrei Sakharov a passé six années d’exil à Gorki à partir de 1980. Son combat pour les droits de l'homme, la liberté et la tolérance ont eu beaucoup de résonance à l’étranger, mais ces valeurs ne sont pas très en vogue dans la Russie d’aujourd’hui, selon Thomas Hammerberg, le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe.
« Bien sûr les problèmes qu'il soulevait ne sont pas des thèmes très en vogue parmi ceux qui sont au pouvoir, mais je pense que beaucoup de gens sont conscients du fait qu'il a contribué à changer la société communiste en une autre société ».
Selon un récent sondage, pour plus d’un Russe sur deux Sakharov est avant tout un grand scientifique, l’un des inventeurs de la bombe H soviétique.