Clandestins tunisiens à Lampedusa: l’Italie et l’UE cherchent des solutions

Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, s’est rendue à Tunis, ce lundi 14 février 2011, suivie par Franco Frattini, le ministre italien des Affaires étrangères. Au centre des discussions avec le gouvernement tunisien de transition, les immigrants clandestins qui ont débarqué par milliers sur l’île italienne Lampedusa. Débordées, les autorités de Rome ont décrété l’état d’urgence humanitaire et ont appelé l’Europe à la rescousse. L'Italie a débloqué une aide de 5 millions d'euros pour la Tunisie et de son côté l'UE avance le chiffre de 17 millions d'euros pour aider le gouvernement.

Ils sont jeunes, la plupart âgés d’une vingtaine d’années. Les immigrants tunisiens sont arrivés à Lampedusa par la mer, à bord de petites embarcations surchargées. Ils évoquent la situation économique difficile et le manque d’emplois en Tunisie, mais aussi « des violences et des enlèvements dans un pays à la dérive ». Selon le maire de Lampedusa, Bernardino de Rubeis, les trois quarts d’entre eux veulent aller en France.

Peu de ces clandestins obtiendront l’asile politique, les autres seront renvoyés. En attendant, le temps d’examiner leur statut, les autorités italiennes doivent les loger. Le centre d’accueil pour migrants de Lampedusa, fermé en 2009, a été rouvert. Sur les cinq mille personnes arrivées pendant le week-end, on estime à deux mille le nombre de ceux qui sont restés sur l’île, les autres ont été envoyés en Sicile ou dans des centres de l’Italie continentale.

L’Italie propose d’envoyer des policiers en Tunisie

Le premier souci, à Rome, est l’arrêt du flux de clandestins à Lampedusa. Les autorités italiennes ont décrété l’état d’ « urgence humanitaire », ce qui leur permet entre autres de bloquer au large des bateaux s’approchant des côtes. Le ministre de l’Intérieur Roberto Maroni a reproché au gouvernement tunisien de transition de ne pas appliquer l’accord bilatéral sur le contrôle de l’immigration clandestine.

Le ministre a proposé à Tunis une aide constituée de moyens techniques et aussi un contingent de policiers sur le sol tunisien. Cette dernière offre, qualifiée d’ « ingérence inacceptable » a été rejetée catégoriquement. Les autorités tunisiennes ont renforcé elles-mêmes les contrôles, notamment à Zarzis, dans le sud du pays, d’où sont partis des centaines de jeunes vers l’Italie.

Finalement, ce lundi, l'Italie a décidé d'une aide d'urgence de cinq millions d'euros pour la Tunisie et annoncera une ligne de crédit de 100 millions lors de la conférence internationale sur les réformes dans ce pays prévue en mars à Carthage.
 

Des tensions au sein de l’Union européenne

Le gouvernement de Rome a critiqué l’Union européenne pour son aide insuffisante. Une polémique a éclaté entre le même ministre italien de l’Intérieur, Roberto Maroni et la Commission de Bruxelles, après que Cécilia Malmström, la commissaire chargée des Affaires intérieures, a indiqué que les autorités italiennes ont refusé l’aide proposée. Le malaise semble assez profond au sein des institutions européennes, car certains pays refusent de renforcer les moyens de lutte contre l’immigration clandestine et la politique d’asile.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, après sa visite en Tunisie, a déclaré que l'UE allait immédiatement débloquer 17 millions d'euros pour aider le gouvernement et 258 millions d'euros d'ici à 2013.

L’agence Frontex, chargée de surveiller les frontières extérieures de l’Union, ne dispose pas d’un budget suffisant pour se doter du matériel nécessaire à ses missions. La France l’a rappelé, elle soutient l’Italie pour le renforcement de Frontex, mais l’Allemagne et d’autres pays du Nord ne voient pas l’utilité. Par ailleurs, la Grande Bretagne et les pays scandinaves refusent systématiquement de participer financièrement à la prise en charge des demandeurs d’asile.

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