La thèse laisse sceptique les experts du Musée du Louvre, mais elle est affirmée haut et fort par des chercheurs italiens. Selon Silvano Vincenti, président du Comité national pour la valorisation des biens historiques, Gian Giacomo Caprotti, appelé Salai, fut le modèle et probablement l’amant de Léonard de Vinci. Le jeune assistant restait pendant 25 ans aux côtés du génie de la Renaissance et les hommes entretenaient une relation « ambiguë », a affirmé Silvano Vincenti dans une conférence de presse à Rome le 2 février. Selon l’hypothèse du président du Comité national, ce jeune homme serait entré à l’âge de 16 ans au service de de Vinci et aurait été sa muse et son modèle pour plusieurs tableaux.
Silvano Vincenti a fait état de fortes similitudes entre les traits des visages des protagonistes du Saint Jean Baptiste et L'Ange incarné avec le nez et la bouche de Mona Lisa. Pour ce chercheur, le peintre avait laissé des indices en peignant dans les yeux de La Joconde un minuscule L pour Leonardo et un S pour Salai. Une interprétation étonnante de cette icône de l’art.
Le chercheur, auteur d'un livre sur le sujet, a dit que son équipe s'était fondée sur l'analyse de reproductions numériques de haute qualité. Mais les affirmations de M. Vincenti sont radicalement contestées par le Louvre, propriétaire de la Joconde. « Le tableau a été soumis à toutes les analyses de laboratoire possibles en 2004 et en 2009. Aucune inscription (lettre ou chiffre) n'a été décelée lors de ces examens » clament les responsables du Louvre interrogés par l’AFP. « Le vieillissement de cette peinture sur bois a provoqué un grand nombre de craquelures dans la matière picturale, qui sont à l'origine de nombreuses formes qui ont souvent été l'objet de sur-interprétations », insiste le Musée du Louvre et souligne qu’il n’a pas reçu « de pièces démontrant ces nouvelles hypothèses ».
M. Vincenti, dont l'équipe s'était fait connaître en juillet en identifiant les restes du Caravage, a mis cette réaction sur le compte de l'embarras. « Je comprends leur incrédulité et leur surprise, au fond c'est la peinture la plus étudiée au monde (..) Ils sont vraiment aveugles », a-t-il répliqué et invité le Louvre à « être sérieux et reconnaître » qu'il se trompe. Silvano Vincenti a enfoncé le clou en proposant sa collaboration avec l'envoi d'une équipe pour faire « des prélèvements de petits fragments de peinture » là où se trouveraient les chiffres et lettres « pour voir s'ils ont été faits à l'époque ou sont apparus avec le temps ».
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