Avec notre correspondant à Pristina, Jean-Arnaud Dérens
La publication du rapport du sénateur suisse Dick Marty commence à soulever une tempête qui n’est sérieusement pas prête de retomber dans les Balkans. Belgrade se félicite naturellement de cette enquête qui corrobore très largement les soupçons fournis par Carla Del Ponte ainsi que les premières investigations menées par la justice serbe.
Au Kosovo, le Premier ministre Hashim Thaci, directement mis en cause, ne s’est pas exprimé mais le gouvernement avait rejeté dès le 14 décembre toutes les accusations formulées par l’enquêteur du Conseil de l’Europe.
Ces critiques ont été reprises mercredi par le Premier ministre d’Albanie, Sali Berisha qui parle d’un rapport faux et mensonger. Si les accusations portées par Dick Marty sont confirmées, l’enquête pourrait effectivement menacer beaucoup de personnes en Albanie.
Le rapport se base d’ailleurs largement sur des documents émanant des services secrets de plusieurs pays occidentaux, ce qui pose d’autres graves questions. Si ces pays avaient eu vent de cet épouvantable trafic comment se fait-il qu’ils n’aient pas réagi ?
Dans ses mémoires, Carla Del Ponte stigmatise d’ailleurs le refus de coopération exprimé à l’époque par la Minuk, la Mission des Nations unies pour le Kosovo.
De leur côté les Etats-Unis et les Européens demandent aux enquêteurs de fournir des preuves.
Dans le même temps, une autre affaire de trafic d'organes datant de la même époque, celle de la clinique Médicus, passe actuellement devant la justice kosovare à Pristina. Comme l'explique Karin Limdal, porte parole d'Eulex, la Mission internationale de police au Kosovo : « Eulex enquête toujours sur de nombreux crimes commis pendant la guerre et sur des crimes organisés comme l'affaire Médicus. (...)Cinq personnes ont été mises en examen (..). A l'évidence, c'est une affaire très grave avec des connections internationales mais il est important de souligner que ce qu'on appelle «l a maison jaune » n'a rien a voir avec l'affaire Médicus.