Après les ministres, c’est au tour des banquiers de monter au créneau pour dénoncer l’appel d’Eric Cantona. « Retirer son argent des banques, c’est extrêmement dangereux à la fois pour soi et pour l’ensemble du système », a déclaré, vendredi 3 décembre 2010, Jean-François Sammarcelli, le directeur général de la Société Générale. La veille, Baudoin Prot, directeur général de BNP Paribas avait jugé l’appel de l’ancienne star de football à vider son compte bancaire «mal fondé» et «totalement insécuritaire».
Pour sa part, la ministre de l’Economie a renvoyé Eric Cantona dans ses buts : « Chacun son métier, je ne me risquerais pas au football. Je crois qu’il faut intervenir chacun dans sa compétence ». Et Christine Lagarde de rappeler que les aides de l’Etat aux banques n’ont rien coûté aux contribuables : « On a prêté au secteur bancaire et l’Etat français a reçu en retour 2,4 milliards d’euros d’intérêts ». De son côté, le ministre du Budget François Baroin a qualifié la démarche de « tragique ».
« La révolution se fait par les banques »
L’appel libertaire de Cantona n’a pas beaucoup séduit l’extrême gauche. Jean-Luc Mélenchon, du Parti de gauche, et Nathalie Arthaud, de Lutte ouvrière, ont estimé que « provoquer la faillite du système bancaire n’était pas la bonne solution ». Seul le porte-parole du Nouveau parti anti-capitaliste (NPA) Olivier Besancenot a jugé ce mot d’ordre « séduisant ».
Le 6 octobre dernier, lors d’un entretien filmé au quotidien régional Presse-Océan, l’ancien attaquant de Manchester United, devenu acteur de cinéma, avait théorisé sur la déstabilisation du système actuel. « Pour faire la révolution, on ne va pas prendre les armes, on ne va pas aller tuer des gens. Il y a une chose très simple à faire. Le système est bâti sur le pouvoir des banques. Donc, il peut être détruit par les banques. Au lieu d’aller manifester, tu retires ton argent de la banque. Si 20 millions de gens le font, le système s’écroule », expliquait Eric Cantona.
Le site bankrun2010
Ces déclarations font un énorme buzz sur les réseaux communautaires et la blogosphère. L’appel est notamment relayé sur une page Facebook qui fixe au 7 décembre la date fatidique. Près de 30 000 internautes français se disent prêts à mettre l’idée en pratique. Des apprentis révolutionnaires qui ne se limitent pas à l’Hexagone.
En Belgique, la réalisatrice Géraldine Feuillien a créé un site www.bankrun2010.com spécialement dédié à cette opération dans plusieurs pays d’Europe. « C’est un système corrompu, criminel et mortifère auquel nous avons décidé de nous opposer dans la mesure de nos moyens, de nos déterminations et dans le respect de la loi », dit le site web qui diffuse la liste des pays où des actions similaires sont prévues. Quant à Eric Cantona, il a affirmé au site Liberation.fr qu’il serait bien le 7 décembre prochain devant sa banque.