Un message rassurant de la BCE

Face au risque de contamination de la crise à l’ensemble de la zone euro, le conseil des gouverneurs de la BCE qui s’est réuni ce jeudi 2 décembre 2010 à Francfort pour sa réunion mensuelle a choisi de maintenir les mesures exceptionnelles mises en place au moment de la panique financière de 2008 et de la crise grecque. Sans trop se découvrir...

 

Ceux qui espéraient des annonces précises et spectaculaires en ont été pour leur frais. Comme d’habitude, la Banque centrale européenne (BCE) a privilégié la sobriété dans le geste consenti par les gouverneurs comme dans le message adressé aux responsables politiques et aux marchés.

Les banques de la zone euro respirent car elles peuvent toujours compter sur le soutien de la BCE pour un refinancement illimité à taux fixe sur trois mois jusqu’à fin mars 2011. Idem pour les prêts sur une semaine et sur un mois; le dispositif devait prendre fin en janvier, il est prolongé jusqu’à la mi-avril 2011.

Les banques soulagées

Cela peut paraître minimaliste mais c’est déjà beaucoup au regard des déclarations faites les jours précédents par les responsables politiques allemands. Il y a quinze jours à peine, Jürgen Stark, membre du directoire de la BCE, a recommandé publiquement «la suppression progressive» de ces aides au refinancement. Mais la détérioration de la situation des banques irlandaises et espagnoles a fait réfléchir les 22 gouverneurs et ils ont fini par se mettre d’accord sur un prolongement du dispositif. Certains analystes souhaitent même que ce coup de pouce soit maintenu pendant une année pour remettre à flot l’ensemble des banques européennes.

En ce qui concerne les mesures d’assouplissement quantitatif mises en place ce printemps quand les finances grecques ont commencé à faire sérieusement tanguer la monnaie européenne, Jean-Claude Trichet, le président de la BCE qui s’exprime traditionnellement à l’issue du conseil des gouverneurs, est resté volontairement vague et discret en déclarant que le programme se poursuivait. Ces derniers jours, des traders ont cru voir la main de la BCE derrière des opérations de rachat de dette irlandaise et portugaise selon l’agence Bloomberg. A priori cette décision a été adoptée facilement par une majorité de gouverneurs soucieux de soutenir les Etats éreintés par des taux d’intérêt qui explosent.

L’inflation toujours sous contrôle

Mais attention, a rappelé le gardien de l’euro et de la stabilité des prix : il ne s’agit pas de création monétaire comme cela se pratique allègrement aux Etats-Unis. En Europe, chaque fois que la Banque centrale rachète de la dette publique, elle retire des liquidités d’un même montant sur le marché pour éviter que les prix flambent.

Toujours pour se prémunir du risque de l’inflation, la Banque centrale européenne a décidé jeudi de laisser son principal taux d'intérêt directeur inchangé à 1%. Le taux est rivé à ce niveau, le plus bas de l'histoire de la BCE, depuis mai 2009.

Pour 2010, l'inflation devrait ressortir à 1,6%, un chiffre inchangé par rapport à la précédente estimation de la BCE en septembre dernier. Les autres prévisions de l’institution sont encourageantes. Pour 2010, la BCE a revu sa prévision de croissance en légère hausse, à 1,7% contre 1,6% jusqu'à présent. Elle table sur une croissance de 1,7% en 2012 en zone euro, selon une première estimation, et a gardé inchangée sa prévision de croissance pour 2011, à 1,4%.
 

En clair, les Européens ont la ressource nécessaire pour surmonter la crise, encore faut-il que les Etats se mettent sérieusement au régime, et cela, la BCE ne peut pas le décider à leur place !
 

 

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