Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Le gouvernement turc est divisé sur ce bouclier antimissile qui est un peu gênant pour Ankara, et pas seulement pour des raisons financières. Officiellement, si les ministres des Affaires étrangères et de la Défense réfutent les allégations d’opposition turque au projet américain, et de tentative de Washington de forcer la main à Ankara, il est facile de comprendre dans les arguments avancés que les discussions ne se passent pas vraiment bien.
« Les consultations se poursuivent sur un pied d’égalité et de réciprocité », dit de manière sibylline le ministre de la Défense Vecdi Gönül, qui énumère les points qui froissent le point de vue turc. Le système est-il profitable économiquement à la Turquie, ne complique-t-il pas les propres systèmes de défense du pays, couvrira-t-il l’ensemble du territoire turc et de tous les autres pays membres de l’Alliance, sont parmi les questions que posent Ankara.
Mais surtout, les responsables turcs semblent intransigeants sur la formulation du document qui présentera et expliquera le rôle du bouclier antimissile : il n’est pas question que des pays voisins et amis de la Turquie, comme l’Iran et la Syrie, y soient présentés comme des menaces, ce qui ne ferait que les courroucer et placerait Ankara dans une situation délicate, dit encore le ministre. La partie n’est pas jouée.