Avec notre envoyée spéciale à Kolontar, Heike Schmidt
La bourgade est bouclée. Des policiers sont postés à l’entrée du village mitraillette au bras, masque de protection à portée de main et chaussés de bottes en caoutchouc. Kolontar, un village d’environ 800 habitants est devenu ville fantôme, depuis que la coulée de boue toxique l’a envahi.
Le 6 octobre 2010, les villageois ont pu revenir pour quelques heures, le temps de sauver ce qui n’a pas été emporté par la vague de boue rouge, sans avoir toutefois le droit de dormir dans leurs maisons. Du coup, la commune a aménagé une salle municipale servant à leur accueil. Mais tous ont trouvé refuge chez les proches ou chez des amis.
Jour et nuit, les pompiers et la protection civile travaillent pour dégager cette boue malodorante qui couvre encore les rues et dont les traces sont visibles partout sur les façades, comme si tout était peint couleur rouille.
Depuis Budapest, des voitures balais sont arrivées en nombre, pour s’attaquer au nettoyage au jet d’eau du goudron des rues. On s’interroge sur l’efficacité de ce nettoyage. Car tout le monde s’accorde à dire qu’il s’agit de résidus industriels très toxiques, provoquant des brûlures de la peau et irritant les yeux.
Une boue qui fait peur à tout le monde
Plusieurs dizaines de blessés qui étaient en contact avec cette boue sont encore à l’hôpital. Une boue qui fait peur à tout le monde, même aux policiers chargés de la garde de ces lieux. « J’ai choisi ce métier, dit l’un deux. Je dois faire mon travail, mais, confesse-t-il on n’est vraiment pas tranquille ».
L’inquiétude est telle que la majorité de la population de Kolontar ne veut pas rentrer au village. Car personne ne connaît la composition de ce produit nocif. Au cours de la nuit dernière, la protection civile prélevait des échantillons de boue pour les examiner. Du plomb et des éléments corrosifs sont déjà détectés. Et les autorités ont confirmé une légère radioactivité.
La grande inquiétude de ce jour concerne l’eau des rivières où des centaines de poissons morts flottent dans la Marsala, non loin de la rivière Raab, un affluent du Danube. Le Danube est lui-même atteint par ces boues rouges ce jeudi 7 octobre. Mais les autorités hongroises affirment que le Danube ne sera pas contaminé. Ils estiment que les particules vont être dissoutes notamment grâce à du plâtre déversé en grande quantité dans le fleuve.