Cette marche de protestation devrait être plus importante que celle de 2001, lorsque la Confédération européenne des syndicats (CES) avait réussi à faire défiler 80 000 personnes à Bruxelles pour réclamer « plus d’Europe sociale ». Cette fois-ci, les syndicalistes veulent lancer un avertissement non seulement aux gouvernements, mais aussi à la Commission européenne qui met les pays membres de plus en plus sous pression. En effet, le jour même de la manifestation, elle présente ses plans très controversés pour sanctionner les pays de la zone euro qui n’arrivent pas à réduire leur dette assez vite ou qui sont trop dépensiers.
Emploi, salaires, retraites : le couperet tombe
Presque partout en Europe, la crise économique a aggravé les problèmes financiers auxquels les gouvernements doivent faire face. Après avoir sauvé in extremis les banques en difficulté et la Grèce à la dérive, les caisses sont vides et l’heure est plus que jamais à l’assainissement des finances publiques. Emploi, salaires, retraites : partout, des coupes douloureuses ébranlent la population.
C’est surtout le cas en Espagne où les syndicats appellent à une grève générale pour ce mercredi 29 septembre. Sous la pression de l’UE et du Fonds monétaire international (FMI), et confronté à des chiffres record de chômage (20,3% en juillet 2010 contre 7,9% au printemps 2007), le gouvernement socialiste a baissé les salaires des fonctionnaires, gelé les retraites, réformé le marché du travail et mis fin à certaines prestations sociales comme l’aide aux chômeurs de longue durée. En plus de cela, les Espagnols doivent s’attendre à une hausse de la TVA.
Sous pression internationale pour assainir les finances
Les Grecs, eux, ne voient l’avenir guère plus en rose. Avec 11%, le chômage est à son niveau le plus élevé depuis onze ans. Pour recevoir un prêt de 110 milliards d’euros, le gouvernement socialiste a dû accepter des mesures d’économies draconiennes, comme une baisse de 15% des salaires des fonctionnaires ou encore un gel des recrutements publics (sauf santé, éducation et sécurité) et un report de la retraite à 65 ans. Six grèves générales depuis janvier n’ont pas pu faire reculer le gouvernement dans sa détermination.
Au Royaume-Uni, le nouveau gouvernement conservateur impose, lui aussi, un plan d’austérité historique. Le report de l’âge de la retraite à 66 ans sera appliqué plus rapidement, le salaire d’une partie des fonctionnaires sera gelé pendant deux ans, et chaque ministère se verra amputé d’un quart de son budget.
L’Italie impose la même cure d’austérité à ses citoyens, même si le taux de chômage a commencé à reculer ces derniers mois. Les fonctionnaires devront se serrer la ceinture avec un gel des salaires pendant trois ans. Un gel des embauches dans le secteur de la santé devrait même provoquer un manque de personnel dans les hôpitaux.
Le gouvernement en France, lui, joue sur les mots et refuse depuis des mois de prononcer le mot « austérité ». Mais dans les faits, les économies prévues ressemblent fort aux autres pays européens. Un report progressif de l’âge de la retraite, moins de remboursements médicaux et d’avantages fiscaux – cette panoplie de mesures qui doit permettre de réduire le déficit public suscitera une nouvelle manifestation massive ce samedi 2 octobre.
Quant à l’Allemagne, elle compte parmi les précurseurs sur la voie de l’austérité. Avec son célèbre « Agenda 2010 », le gouvernement social-démocrate/Verts avait imposé, entre 1998 et 2005, un véritable traitement de choc aux citoyens, avec des coupes drastiques dans les prestations sociales. Aujourd’hui, la coalition au pouvoir (chrétiens-démocrates et libéraux) poursuit cette politique, avec une réduction des prestations aux chômeurs de longue durée et aux jeunes parents. Déjà en 2007, le gouvernement de grande coalition entre chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates avait entériné la réforme de la retraite, en reportant l’âge légal à 67 ans.