La visite du pape au Royaume-Uni s’annonce, avant même qu’elle n’ait débuté, en demi-teinte. L’Eglise attend en effet entre 54 000 et 55 000 personnes lors de la messe en plein air que célébrera Benoît XVI dimanche 19 septembre à Birmingham. C’est dix milles de moins qu’espéré, pour cette messe qui sera pourtant le point d’orgue de cette visite papale. En cause, sans doute, la contribution financière demandée aux fidèles qui souhaitent y assister. Ils devront verser 25 livres (30 euros) pour y assister, ce que le clergé local considère comme une « contribution financière » aux coûts de ce déplacement.
Le prix de cette visite, c’est justement un des points qui provoque la colère des opposants à cette visite papale. Alors que les officiels annoncent un chiffre oscillant entre 19 à 22 millions de livres (23 à 24 millions d’euros), dont une grosse moitié prise en charge par le gouvernement et l’autre par l’Eglise, le mouvement «Protest the Pope » (Protestez contre le pape) avance, lui, un chiffre de 50 millions d’euros.
Des affaires de prêtres pédophilesqui ternissent l'Eglise
Ce mouvement se montre par ailleurs très critique sur la venue du pape au Royaume-Uni. Une visite d’Etat et non pastorale comme l’avait été celle de Jean-Paul II en 1982, ce qui explique que le gouvernement britannique participe à son financement. «Protest the pope» dénonce également «la manière dont le pape a géré» les cas de pédophilie au sein du clergé. Peter Tatchell, l’un de ses responsables, avance notamment le fait que le pape ait refusé de remettre à la police «les dossiers secrets sur les abus d’enfants », ce qui le rend « complice ».
Le scandale des prêtres pédophiles et le rapport accablant sur l’ampleur des abus en Belgique devraient d’ailleurs pousser le pape à condamner une nouvelle fois « les crimes commis », si l’on en croit le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi. Le souverain pontife devrait également s’entretenir en privé avec des victimes britanniques. Ce rendez-vous constitue l’une des exigences de « Protest the Pope », qui milite aussi contre les « positions rétrogrades » du Vatican sur des sujets tels que la contraception, l’homosexualité ou encore la place de la femme dans l’Eglise.
Une visite qui ne passionne pas les Britanniques
«Protest the pope» compte mobiliser 2 000 personnes à Hyde Park, samedi, où le pape doit participer à une veillée de prière. Lors de ce voyage, Benoît XVI va donc «entrer dans la cage aux lions », comme le résume le quotidien The Independent, même si une écrasante majorité de Britanniques se déclare plutôt indifférente à sa venue.
La BBC retransmettra tout de même les temps fort de cette visite, à commencer l’audience qu’accordera Elizabeth II au pape. La reine, souveraine d’un pays qui interdit l’accès au trône aux catholiques, recevra Benoît XVI, ce jeudi 16 septembre, en fin de matinée.