Solidarnosc fête ses 30 ans sans son héros

Lech Walesa, le fondateur de Solidarnosc, a refusé de participer aux festivités célébrant la naissance, en 1980, du premier syndicat indépendant du bloc de l’Est. L’ancien prix Nobel reproche notamment à « son » mouvement sa proximité avec le parti conservateur de l’ancien président Kaczynski.

Gdansk a revêtu des habits de fête pour célébrer l’anniversaire du mouvement Solidarnosc ( « Solidarité » ).  Ce lundi 30 août 2010, un congrès extraordinaire s’est tenu dans la ville historique du syndicat, l’occasion de rappeler symboliquement les évènements historiques de l’année 1980. Un anniversaire célébré en grande pompe donc, avec feu d’artifice, concerts et spectacles en plein air dans le port de Gdynia.

Mais le grand absent des festivités, c’est Lech Walesa. Le fondateur de Solidarnosc n’a pas assisté à la cérémonie officielle. Car s’il est un reproche que le fondateur du syndicat ne cesse de faire à l’actuelle direction du syndicat, c’est sa proximité avec le parti conservateur de Jaroslaw Kaczynski. Lors de la dernière élection présidentielle de juin et juillet, Solidarité avait clairement affiché son soutien au candidat Kaczynski. Remportée par le très libéral Bronislaw Komorowski, l’élection avait provoqué le départ du parti conservateur dans l’opposition.

La nouvelle direction du syndicat a pris ses distances avec le vieux chef

Conséquence de cette prise de position de « son » ancien mouvement, Lech Walesa déclarait récemment : « je regrette que le Solidarnosc d’aujourd’hui ne soit plus mon syndicat ». Avant d’enchaîner, un peu amer : « Je m’identifie au 30e anniversaire de ce grand Solidarnosc qui comptait 10 millions de membres. Le syndicat actuel n’est pas bien gros ». Il compte en effet quelques 700 000 membres, rien à voir avec la splendeur du début des années quatre-vingt.

Agé de 67 ans, ce bloggeur insatiable, a également invoqué « les lois de la biologie » sur son site, expliquant qu’il se sentait « terriblement fatigué ». Délaissé par la nouvelle direction du syndicat, qui a pris ses distances avec le vieux chef et son héritage, Lech Walesa s’est depuis longtemps reconverti dans la lutte pour les droits de l’homme. En début d’année, l’ex-président polonais et prix Nobel de la paix 1983 a récemment pris position en faveur des prisonniers politiques cubains. Absent cette fois-ci à Gdansk, il a néanmoins promis d’être présent au 50e anniversaire de Solidarnosc… en 2030.

Dimanche, il s’était néanmoins rendu à Gdansk, en compagnie du Premier ministre Donald Tusk. Ensemble, ils avaient déposé une gerbe devant le monument dédié aux victimes de la répression communiste. Un geste symbolique de la part de l’ancien dirigeant syndicaliste, qui explique en partie son absence ce lundi 30 août. Car si Lech Walesa s’affiche sans complexe avec le chef du gouvernement libéral, il ne peut supporter l’actuel chef de file de l’opposition : Karoslaw Kaczynki, ancien Premier ministre, et frère jumeau de l’ancien président, mort dans un accident d’avion en avril dernier.

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