Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Pour David Cameron, qui a eu des mots très durs, l’action des soldats britanniques lors du dimanche sanglant était sans ambigüité : « Injustifiée et injustifiable ».
Révélant les conclusions du rapport Saville, le chef du gouvernement britannique a ainsi martelé que le premier tir provenait de l’armée britannique, qu’aucune des victimes n’était armée et qu’aucun avertissement n’avait été donné par les parachutistes avant d’ouvrir le feu. Et David Cameron d’ajouter : « Les soldats ont perdu le contrôle d’eux-mêmes ou ont ignoré les instructions qu’ils avaient reçues ».
Les manifestants ont été tués ou blessés ce jour-là alors qu’ils fuyaient visiblement les lieux ou qu’ils essayaient de venir en aide aux blessés, a encore souligné le Premier ministre avant de prononcer de retentissantes excuses : « On ne défend pas l’armée britannique en défendant l’indéfendable. Au nom du gouvernement et au nom du pays tout entier, je suis profondément désolé ».
Néanmoins beaucoup d’hommes politiques craignent que ce mea culpa et ce rapport, loin de clore un chapitre douloureux, ne ravive les tensions. Il reste la question de poursuivre en justice ou pas certains des soldats mis en cause. Les proches des victimes le souhaitent. Mais une telle décision, qui appartient au parquet d’Irlande du Nord, risque de provoquer un tollé chez les militaires et chez les unionistes, qui rappellent que de nombreux activistes des deux camps condamnés pour meurtre ont été libérés après les accords du Vendredi Saint, notamment des dirigeants de l’IRA et que cela révèlerait une justice à deux vitesses.