En France, la participation de la défense à l'effort de réduction des déficits devrait atteindre 5 milliards d'euros d'ici 2013. Le ministre de la Défense, Hervé Morin dans une interview au quotidien économique La Tribune précise que les crédits affectés à la défense seront sensiblement inférieurs aux 377 milliards d’euros initialement prévus. La crise financière et l’obligation pour les gouvernements de réduire les déficits publics pèsent sur l’industrie de l’armement. Le mouvement touche la plupart des pays européens même si, à l’inverse, de nombreux pays émergents accroissent leurs budgets défense.
En Allemagne, Angela Merkel prévoit d'alléger les effectifs de l'ordre de 40 000 soldats et de revoir l'organisation du service militaire pour économiser des centaines de millions d'euros. La Grèce qui détient le budget de défense le plus élevé de l'Union européenne en raison de la proximité avec la Turquie est aussi le pays d'Europe qui devra faire le plus d’efforts en matière de restrictions budgétaires. Le budget de la défense pourra difficilement être épargné dans un tel contexte. D’autant que, font remarquer les spécialistes du secteur, l’armement terrestre est rarement prioritaire face à l’aéronautique de défense, par exemple.
Restructuration en vue
Si la tendance se généralise les groupes industriels comme EADS, Safran, Thalès ou Nexter vont en souffrir. Hervé Morin reconnaît que pour les exportations françaises d’armement le premier trimestre a été rude. Seule la Malaisie a commandé 12 hélicoptères. Cela explique la bagarre à laquelle se livrent les groupes industriels pour emporter les rares projets lancés par les gouvernements en cette période de vaches maigres. Par exemple le programme Scorpion de modernisation de l'armée de terre française. Il s'agit pour l'instant d'une première phase d'études portant sur quelques dizaines de millions d'euros seulement, mais elle ouvre la voie, pour le vainqueur, à un contrat de 10 milliards d'euros d'investissements d'ici à 2030.
Comme c’est souvent le cas, la crise devrait contribuer à restructurer le secteur industriel de l’armement en France. Le gouvernement est favorable à un rapprochement Thalès-Safran, estimant que, pour se maintenir au plus haut niveau des exportations, la France a besoin de grands champions industriels. Hervé Morin plaide aussi pour une meilleure coopération entre Européens : les industriels sont invités à des partenariats, des regroupements, la constitution de coentreprises, afin, dans une période de rationalisation des coûts, de profiter des complémentarités entre Européens.