À la Une: la grogne des grognards de Macron

C’est le journal Le Parisien qui raconte la scène. Il y a un peu plus d’un an, en pleine crise des « gilets jaunes », l’escorte policière d’Emmanuel Macron « décide de modifier secrètement son trajet vers la résidence de la Lanterne (près de Versailles), où le couple présidentiel a désormais ses habitudes le week-end. » Et dans ce journal, un « macroniste pur jus » commente ainsi cette anecdote : « Un président qui en vient à changer son parcours en voiture pour éviter le peuple qui l'a élu… c'est quand même qu'il y a un problème. »

Un problème ? Si « oui, c’est celui de "la solitude de Macron" », résume Le Parisien. Dans ce même journal, un autre proche déclare : « Je ne l'appelle plus. Ça ne sert à rien, c'est même contre-productif. Il n'écoute personne ! » Un autre, encore : « C'est très mal barré. À ce rythme, il va perdre son deuxième quinquennat. Ça a été tellement mal expliqué… Il a toujours eu une longueur d'avance, mais il ne comprend pas le peuple. »

Un « important » ministre, enfin : « On se démène comme des fous. Mais il ne nous fait jamais le moindre retour, ni remerciement », rapporte encore Le Parisien. N’en jetez plus… Et rendez-vous mardi, pour les traditionnels vœux télévisés du 31 décembre, avec, peut-être, un « début de réponse » à cette « petite grogne » admise mais relativisée par l’Élysée dans Le Parisien de ce matin.

Petite ou non, cette « grogne », en tout cas, se cristallise en ce moment sur le projet de réforme des retraites.

Un record vient d’être battu, celui de la durée des grèves et manifestations de 1995. Cette année-là, le Premier ministre d’alors, Alain Juppé, avait été contraint par la rue qui grondait d’abandonner son projet de réforme des retraites et de la Sécurité sociale.

Record battu, donc, ce qui n’a pas échappé à la sagacité du journal La République des Pyrénées. « Depuis le début du mouvement social contre la réforme des retraites rodait un spectre : celui de 1995 (…) Et bien ça y est ! Depuis cette semaine, ce record de 22 jours de grève dans les transports est battu et, malheureusement, aucune issue n'est en vue », pointe le quotidien du Midi.

Et alors, s’emporte La Presse de La Manche, voilà une information « bien entendu de la plus haute importance qui n'intéressera que les statisticiens et les accros au livre des records. Les autres resteront de marbre », assure ce quotidien du nord-ouest du pays, sans préciser qui sont « les autres » supposés rester « de marbre » face à ce record battu et qui, manifestement, agace La Presse de la Manche.

Coup de projecteur à présent sur une activité de saison dans la presse, les bilans de fin d’année

Coup d’œil dans le rétroviseur plutôt, avec des mots et des événements. Des mots d’abord, ceux qui « ont fait » 2019, autrement dit qui ont marqué l’année, et que lance en Une le journal Le Parisien : « urgence climatique », « féminicide », « Notre-Dame » et bien d’autres. Selon ce quotidien, les mots de 2019, en tout cas, marquent une « société fracturée », ce qui amène Le Parisien à envisager une « vision » plus optimiste de notre monde pour 2020.

Des mots donc, mais aussi des événements, ayant souvent pour cadre la rue, souligne Libération. Très lyrique, ce quotidien dépeint une année 2019 « grosse de révoltes esquissées, inabouties ou réversibles, qu'elles soient arpenteuses du macadam, réseauteuses radicales ou férocement sociétales. 2019 est descendue sur le pavé contre des puissances de différents types, contre des nuisances variées et pour des espérances chamarrées. À travers le monde, les pouvoirs en place, réels ou symboliques, en ont pris pour leur grade. Même les GAFA ont senti le vent du boulet. Mais personne n'est certain de ce qui suivra », prévient Libération.

Un continent est aussi à la Une ce matin, c’est l’Antarctique

À la Une du journal Le Figaro, car l'Antarctique « n'est plus une aimable curiosité. Il suscite toutes les convoitises. (…) Les 14 millions de kilomètres carrés de glace qui coiffent le pôle Sud sont au cœur d'une nouvelle guerre froide. De la Nouvelle- Zélande à l'Argentine, de la Norvège à l'Australie, sans oublier la Russie et les États-Unis, une dizaine de pays se disputent ce continent qui n'appartient à personne, au terme du traité de Washington de 1959. La bataille est féroce pour mettre la main sur ses énormes ressources en gaz et en pétrole, sur ses eaux poissonneuses aussi. Chacun tente d'y planter son drapeau, d'y aménager des couloirs de navigation, des bases touristiques ou militaires »,constate Le Figaro.

En Côte d’Ivoire, l’ex-chef de la rébellion, ancien Premier ministre et candidat déclaré à la prochaine présidentielle Guillaume Soro est accusé par la justice de tentative présumée de coup d’État

Et le site internet du journal Le Monde s’en émeut, Guillaume Soro « ne semble pouvoir s’empêcher d’envisager des coups tordus, de s’entourer de fréquentations infréquentables ». Selon ce quotidien, « l’affaire ne grandit pas non plus le pouvoir en place », renforçant « le sentiment que le pouvoir judiciaire exécute la volonté du palais ».

Alors le site du Monde distribue aussi ses remontrances au président Ouattara qui, « à la veille de sa réélection en 2015, avait exclu toute possibilité de briguer un troisième mandat. Mais aujourd’hui le chef de l’État laisse poindre la possibilité de concourir en 2020. Il aura alors 78 ans », souligne Le Monde.

Dans ce chaos politique grandissant, que dire de Laurent Gbagbo ? « Une chose est sûre : l’homme continue de faire l’unanimité chez ses partisans et de créer la peur chez ses adversaires », énonce la version en ligne du Monde, à laquelle un « responsable important » du parti au pouvoir, le RHDP, dit que « dans la conscience collective, (Laurent Gbagbo) a développé une sympathie de martyr. Qu’il soit candidat ou pas, il demeure une menace bien plus grande qu’Henri Konan Bédié. Un mot d’ordre de sa part représentera 20% de l’électorat », dit-il au Monde.

Journal dans lequel le sociologue Francis Akindès « constate » que, près de neuf ans après son transfert devant la Cour pénale internationale (CPI), « la popularité de Laurent Gbagbo reste intacte ».

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