À la Une: Trump mis en accusation

Va-t-on vers un « impeachment » ? Le président américain a été mis en accusation hier soir pour abus de pouvoir, par 230 voix contre 197, lors d’un vote à la Chambre des représentants, dominée par les démocrates. Il appartient désormais au Sénat de juger Donald Trump, sans doute en janvier. Pas de surprise, les républicains, qui contrôlent la chambre haute, ont la ferme intention d’acquitter leur président.

« Ce vote à la Chambre, qui intervient à moins d’un an du scrutin présidentiel, est en tout point historique, pointe Le Monde. Seuls deux autres présidents – Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998 – ont vécu une mise en accusation. Le républicain Richard Nixon, empêtré dans le scandale du Watergate, avait préféré démissionner en 1974 avant de subir telle avanie. »

Il n’en reste pas moins que dans le cas présent, Donald Trump ne risque donc pas grand-chose.

« La procédure n’ira pas au bout, c’est entendu, soulignent Les Dernières Nouvelles d’Alsace : en janvier, le Sénat, en majorité républicain, acquittera le 45e président des États-Unis et celui-ci pourra se lancer en campagne, en surjouant le rôle de martyr. Déjà, relève le quotidien alsacien, il hurle au coup d’État, convoque la chasse aux sorcières, le procès de Salem et les croisades. Et ce discours-là portera. Parce que sa base, peut-être même la majorité du corps électoral, se moque bien qu’il ait fait pression sur le président ukrainien, qu’il traite les Mexicains de violeurs ou qu’il ait érigé le mensonge en mode de communication officielle. L’important, soulignent encore Les Dernières Nouvelles d’Alsace, est qu’il fasse ce pour quoi il a été élu, qu’il bouscule l’establishment. Pour ça, il a tous les droits. L’anathème s’est donc substitué au débat d’idées. L’insulte au dialogue. La menace à la négociation. Avec pour objectif d’instaurer, insidieusement, une gouvernance personnelle et autoritaire. »

Grosse tache…

Dès la nouvelle de la procédure d’impeachment connue, Donald Trump s’est fendu d’une longue lettre à Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, une lettre « toute pleine de la même rage qu’il met dans ses messages courts », pointe La Voix du Nord. Avec « manière de crescendo dans la rage trumpienne, qui s’en prend de plus en plus personnellement à la présidente de la Chambre, au fil de ses longues phrases : "Aucune personne intelligente ne croit ce que vous dites", "l’histoire vous jugera sévèrement"… Les démocrates, sans doute jaloux d’un bilan qui s’étale sur une page presque complète et pas mal enjolivée, ont monté contre lui un complot dès le jour de son élection, il en est convaincu. Sans doute, ce pamphlet plein de fureur aura fait du bien à Donald Trump, mais, relève encore La Voix du Nord, il ne change rien au fait qu’il est désormais le troisième président des États-Unis visé par une procédure d’impeachment. La majorité républicaine au Sénat, qui devra voter en dernier recours, le met à l’abri d’une issue fâcheuse, mais le moins qu’on puisse dire est que la tache que laissera cette procédure sur son mandat le met hors de lui, et qu’il ne cherche même pas à le cacher. »

Et l’opinion américaine, qu’en pense-t-elle ? Difficile à estimer, remarque Le Républicain Lorrain : « Trump étant d'un naturel clivant, ses opposants trouveront dans cette mécanique judiciaire une raison supplémentaire de le haïr, tandis que ses soutiens risquent d’être galvanisés par cette "injustice" faite à leur blonde idole. Bref, on pourrait mettre une petite pièce sur un match nul. Un partout, balle au centre : il faudra patienter jusqu’à la prochaine présidentielle pour connaître le résultat de ce combat de catch titanesque entre les trumpistes et le reste du monde… »

Retraites : redonner sa chance à la négociation

À la Une également, le conflit sur les retraites en France. « Les discussions ont repris mercredi entre les syndicats et le gouvernement, avec un nouveau monsieur retraites, Laurent Pietraszewski. Sans surprise, relève Libération, chacun campe sur ses positions. Plus tôt, Macron s’était dit "disposé à améliorer" son projet sans le "dénaturer". Des annonces sont prévues ce jeudi. »

Pour Le Monde, il faut « redonner sa chance à la négociation » : il y a « une porte de sortie (pour le gouvernement), à condition de remettre rapidement dans le jeu les syndicats réformistes qui, à l’instar de la CFDT, défendent le système universel mais pas à n’importe quelles conditions. Les entendre, c’est accepter de corriger quelques-uns des points les plus contestables de la réforme, celui notamment qui consiste à vouloir retarder le départ à la retraite de ceux qui ont commencé à travailler tôt. Certes, le gouvernement a raison de dire qu’on ne peut mettre en œuvre un nouveau système sans se préoccuper de son équilibre financier. Mais, pointe encore Le Monde, accepter de faire confiance sur ce point aux partenaires sociaux qui ont démontré leur savoir-faire dans le cadre de la gestion des régimes complémentaires Agirc-Arrco ne dénaturerait en rien son projet. Cela lui permettrait, en revanche, d’être un tout petit peu moins seul. »

Peugeot et Fiat convolent

Enfin, la naissance d’un géant de l’automobile : Peugeot et Fiat Chrysler vont fusionner pour devenir le 4e constructeur mondial.

Le Figaro applaudit : « Cette opération spectaculaire, au-delà de l’épopée de PSA, symbolise la résilience des grandes entreprises françaises dans la mondialisation. Souvent plus que centenaires (comme Peugeot), elles se redéploient, se réinventent en permanence pour traverser le temps et les crises. Automobile, luxe, finance, aéronautique, énergie, infrastructures… on ne compte plus les secteurs où elles occupent les premiers rangs. Dans un pays qui n’aime rien tant que se flageller, cette réussite souvent agace, déplore Le Figaro. Loin de la célébrer, on rêve de faire rendre gorge à ces champions du CAC 40, coupables de faire des profits et de conquérir le monde. Curieux masochisme ! La réalité est qu’ils sont une chance pour la France, affirme le quotidien de droite. Une chance pour l’emploi, pour la recherche, pour l’innovation, pour des filières entières de sous-traitance. Une chance surtout pour ne pas subir la transformation du monde économique mais y participer activement, à l’image de PSA. »

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