Boris Johnson a promis aux vétérans son soutien entier s'il était réélu le 12 décembre prochain. Et ça passe par l'amendement de la loi sur les droits humains de 1998. Cette loi permet aux familles de victimes d’exactions de poursuivre l’armée britannique en justice. Le Premier ministre souhaite modifier cette loi pour qu'elle ne soit pas rétroactive et donc qu'elle ne s'applique pas aux affaires d'avant 2000, date de son entrée en vigueur.
Les Troubles nord-irlandais visés
Avec cet amendement, plus de poursuites pour les crimes présumés commis pendant la guerre en Irlande du Nord, «les Troubles». Très vite, le secrétaire d'État britannique à la Défense a dû préciser les choses. Il ne s'agit pas d'amnistie, mais simplement d'empêcher de rouvrir des affaires classées si aucune nouvelle preuve n'est avancée. Selon la formule «Johnsonienne», la mesure doit protéger nos vétérans de procès injustes.
Pourtant, les Troubles sont terminés depuis longtemps. L’accord de paix a été signé en 98, il y a plus de 20 ans. Mais tout n'est pas résolu. Officiellement d'ailleurs, l'opération Banner a pris fin en 2007, il y a douze ans, c'est à dire hier à l'échelle de l'histoire.
En ce moment, six vétérans de l'armée britannique sont passibles de poursuites pour leurs actes pendant les Troubles. Parmi les faits soumis à investigation, les meurtres commis lors du Bloody Sunday, lors d'une marche républicaine pacifiste, à Derry en 1972, l'armée britannique avait ouvert le feu et tué 14 personnes. Le procès de l’un de ces hommes, le soldat F, doit d’ailleurs s’ouvrir l’année prochaine.
Il est forcément compliqué de connaître le nombre d'affaires concernant l'armée britannique. Le centre des archives du conflit, au sein de l'université d'Ulster, dénombre près de 300 morts imputables aux soldats de Sa Majesté. Toutes ces morts ne relèvent pas d’exactions.
Le gouvernement irlandais opposé à cette promesse
Cette promesse de campagne a été accueillie avec beaucoup d'inquiétude en Irlande. Le ministre des Affaires étrangères Simon Coveney a indiqué ce lundi 11 novembre que la suggestion était tout simplement contraire à l’accord du Vendredi saint, qui proscrit toute amnistie et prescription .Une telle loi menacerait selon Simon Coveneu le processus de réconciliation...
Au Nord, les principaux partis politiques de tous bords se sont aussi indignés. «Inacceptable», pour le Sinn Féin, «électoraliste», pour les unionistes de l’UUP.
Mais finalement, la promesse Johnson n'a pas fait les gros titres. Tout le monde garde à l'esprit qu'il ne s'agit que d'une promesse de campagne. D'ailleurs, Boris Johnson l'avait déjà faite, cette promesse, à l'été dernier, avant de devenir Premier ministre. Et dans les faits, légalement il sera très compliqué pour l'exécutif britannique de faire passer un tel amendement. En particulier pour les processus judiciaires déjà en cours.