De notre correspondant à Athènes,
La motivation des autorités grecques à modifier leur législation sur le droit d’asile tient notamment dans ces propos récents du Premier ministre Mitsotakis : « Un pays ne peut pas porter à lui tout seul les problèmes de trois continents sur ses épaules. »
Aujourd'hui, le problème migratoire de la Grèce est qu’elle est la porte d’entrée européenne pour des demandeurs d’asile venus à la fois du continent africain - Congolais de la RDC en tête - et du continent asiatique, principalement des Afghans et des Syriens.
Et face à cela, sur le troisième continent, l’Europe, la majorité des pays souhaitent accueillir le moins possible de réfugiés, notamment sous la pression des mouvements politiques dit populistes.
Un certain nombre d’exilés se retrouvent ainsi pour ainsi dire « coincés » en Grèce et c’est pour cela qu’Athènes cherche à modifier sa législation, pour pouvoir plus facilement et plus rapidement reconduire une partie des demandeurs d’asile présents sur son territoire vers des pays tiers.
Le gouvernement conservateur veut faire au plus vite
En effet, les autorités grecques ont mis en place l’équivalent d’une procédure accélérée pour envoyer les 237 pages du projet de loi au Parlement, après six jours de consultations publiques. Un laps de temps particulièrement limité dont se sont plaintes de nombreuses organisations de défense des droits de l'homme.
Ces organisations ont par ailleurs multiplié les communiqués ces derniers jours, pour demander au gouvernement grec de maintenir davantage de garde-fous pour protéger cette population vulnérable que sont les demandeurs d’asile.
Des mesures inquiétantes dans ce projet de loi
La liste est longue. Moins de possibilités de faire appel à la suite d’un refus d’asile ; rallongement de la durée possible de détention de trois à 18 mois ; limitation de la notion de « vulnérabilité » - par exemple vis-à-vis des traumatismes ; élargissement de la liste des pays tiers jugés « sûrs » pour y expulser des migrants éconduits ; entretiens pour demandeurs d’asile en partie confiés à la police et à l’armée ; procédure accélérée pour les mineurs non-accompagnés ; facilitation du rejet des demandes pour vice de forme. Cette liste pourrait encore être allongée.
La Grèce s’apprête donc à restreindre en partie son acception du droit d’asile pour pouvoir refouler davantage d’étrangers, justement en quête de cet asile. Tout en accélérant les procédures d’examen, dans le but affiché de multiplier les renvois.