Des sauts de cabris sur la Lune

La lenteur des déplacements des robots à roulettes extraterrestres agace de plus en plus les ingénieurs des agences spatiales du monde entier. Mais fini de flemmarder ! L’Agence spatiale européenne et des chercheurs suisses testent un robot sauteur qui s’inspire du mode de déplacement des antilopes africaines springbok. Future mission de la machine : bondir par-dessus les obstacles et les crevasses lors des prochaines explorations lunaires robotisées.

Depuis 1969, la Lune qui est située dans la proche banlieue de la Terre attend patiemment que nous lui rendions visite à nouveau. Pour explorer en détail notre satellite naturel, rien ne vaut les robots, estiment cependant toutes les agences spatiales du monde entier. Mais voilà ! Quels que soient les engins à roulettes qui crapahutent sur des mondes extraterrestres, le problème reste identique, ils accomplissent leurs exploits à la vitesse de l’escargot ! Cette extrême lenteur n’est pas un défaut de conception. Les terrains accidentés qu’ils traversent limitent leurs déglacements, ils se retrouvent souvent bloqués en chemin par des cratères ou des crevasses, par exemple.

Pourtant sur la Lune, la gravité qui est 6 fois moindre que sur notre planète représenterait un avantage certain, font savoir les chercheurs suisses de l'École polytechnique de Zurich. Leur concept ? Un robot qui joue à saute-mouton par-dessus les obstacles. Leur idée s’inspire du mode de locomotion adopté instinctivement par Neil Armstrong sur la Lune en 1969 qui sautillait comme un petit kangourou, pour se déplacer. « Dans des environnements à faible gravité comme la Lune, Mars ou les astéroïdes, de tels sauts pour s’élever du sol s'avèrent être le moyen le plus efficace pour aller de l’avant », expliquent les chercheurs.

Inspiré de l'antilope africaine springbok

Restait à concevoir, l’engin robotique capable de reproduire ce type de mouvements. C’est encore une fois Dame nature qui a fourni la solution. Leur machine s’inspire de l’antilope africaine springbok, la championne du monde des bonds de plus de 4 mètres de haut, capable d’atteindre une vitesse de plus de 110 km/h. Ainsi est né SpaceBok, le robot d’exploration spatial qui fait des sauts de cabri pour se déplacer. Pour tester leur prototype, l'Agence spatiale européenne a mis à la disposition des chercheurs suisses les ressources de l’Estec, le Centre européen des technologies spatiales qui est situé à Noordwijk, aux Pays-Bas.

Dans un simulateur de gravité, le robot est placé sur une plateforme dont les mouvements compensent les effets de l’attraction terrestre. Sur la Lune SpaceBok serait capable de réaliser des sauts d’environ 1,30 m, mais l’engin manque encore de stabilité pour se réceptionner correctement. Quand tous ces problèmes seront résolus, ces petits sauts, pour une machine, se métamorphoseront bientôt en bonds de géant pour explorer et sans lambiner en chemin, la multitude des mondes extraterrestres de notre système solaire.

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