Pour l’opposition moscovite, il s’agit de se faire élire au parlement municipal. C’est un lieu où des élus de quartier peuvent débattre des décisions du maire de la capitale. Les enjeux de cette élection sont locaux, mais comme on a pu l’observer ces dernières années, l’opposition russe a de plus en plus de succès dans ce type de scrutins, d’autant plus qu’elle est généralement privée des élections nationales. Cette élection est donc vue par les opposants au Kremlin comme une rare possibilité d’obtenir un statut officiel d’élu dans la vie politique russe.
Il existe par ailleurs une forme de jurisprudence « Alexeï Navalny » sur la question. En 2013, cet opposant au Kremlin était parvenu à participer à l’élection du maire de Moscou. Plus de 27 % des voix lui étaient revenues alors qu’il n’avait bénéficié d’aucune couverture médiatique. De quoi effrayer le maire actuel, Sergueï Sobianine, un protégé du Kremlin.
Le parti au pouvoir en difficulté
Les candidats de l’opposition rencontrent des difficultés à valider leur candidature. Les premiers sondages donnent plusieurs de cette quinzaine d’opposants candidats vainqueurs dans leurs différents quartiers. Le Kremlin est fragilisé par une certaine fatigue de la population russe et notamment des Moscovites traditionnellement plus favorables à l’opposition. La majorité anticipe la défaite de ses candidats et compte visiblement empêcher l’opposition de participer au scrutin.
Aucun des candidats du Kremlin ne se présente d’ailleurs sous l’étiquette Russie unie, le parti du président russe Vladimir Poutine. Comme les opposants, ils ont dû faire face à une première épreuve : récolter entre 4 500 et 5 000 signatures de soutien dans leur quartier en plein été et en un mois. Une quinzaine d’opposants ont récolté ces signatures mais elles seront probablement refusées car la Commission électorale invalide déjà leurs signatures par dizaines.
L’opposition dans la rue
Ce 16 juillet, la commission électorale validera les signatures des candidats d’opposition mais l’instance a déjà déclaré qu’il n’en serait rien pour la majorité d’entre eux. Et ce, pour des prétextes fallacieux comme des virgules ou des espaces en trop dans les formulaires ou un excès de membres d’une même famille qui soutiennent un même candidat. Les techniques déployées pour invalider ces candidatures peuvent être assez étonnantes.
Les Russes se mobilisent donc depuis ce week-end. Environ 2 000 d'entre eux ont manifesté sans autorisation ce dimanche 14 juillet, plus d’un millier le lendemain soir. L'opposant médiatique Alexeï Navalny a joué sa dernière carte : il a publié une vidéo lundi 15 juillet au soir dans laquelle il démontrait que le président de la commission électorale Valentin Gorbounov était vraisemblablement corrompu.
►À lire aussi : Élections locales en Russie: près de 2000 opposants défilent à Moscou