170 000, c’est une estimation du nombre de bêtes qui devaient arriver au Bénin. Dans le département des Collines, il y avait trois portes d’entrée, deux près de la frontière destinée aux pasteurs nigérians. Mais ils sont passés avant l’ouverture des accès officiels ou les ont contournés. Conséquence : la redevance n’a pas été perçue. Pour Moïse Kegnidé, chef du service réglementation et contrôle à la Direction départementale de l’Agriculture de l’Élevage et de la Pêche, on ne peut pas parler d’échec.
« Dans les Collines, il était prévu qu'on reçoive 50 000 têtes de bovins. Alors, si on fait 50 000 têtes fois 5 000, vous voyez ce que ça donne. Nous, on n'a pas pu obtenir ça, mais l'État a trouvé un moyen pour restreindre l'effectif. »
Cette redevance nationale remplace les taxes que certaines communes avaient instaurées : droits de passage, de pacage, d’abreuvement. Mais d’après le maire de Glazoué, Jacques Dagoué, les communes n’ont pas forcément perdu, car ce système n’était pas transparent.
« Les gens le faisaient de façon illicite. Le chef du village ou le chef d'arrondissement envoyait ses éléments pour aller récupérer les sous qu'il ne ramenait pas vers la mairie ! Est-ce que les mairies n'ont pas quelque chose à prendre dans ce que les transhumants versent à l'entrée du Bénin ? Surtout pour faire fonctionner les comités de transhumance qui sont mis en place ? Si c'est fait comme ça, le comité doit tout faire pour collecter les ressources sur les transhumants. »
Au marché à bétail de Savè, le plus gros du département, à 30 kms de la frontière nigériane, on voit une différence. Aliou Ousmane en est le président.
« Avant le marché était très animé en période de transhumance, grâce aux étrangers. Cette année, le nombre de transactions a diminué. Derrière la clôture, on devrait avoir les animaux des transhumants Nigérians attachés. Ils viennent vendre ou acheter des bêtes jeunes et le soir, ils les ramènent dans leurs troupeaux. Mais là, il n’y a rien. »
Les transhumants contribuent à l’économie locale, et pas seulement avec les marchés à bétail. Ils effectuent des dépenses sur le parcours pour se nourrir, nourrir leurs bêtes ou recharger leur téléphone. Une étude menée dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest a même estimé ces dépenses à plus d’un million de francs CFA (plus de 1520 euros) par famille d’éleveurs.