Le dessin en question montre Donald Trump coiffé d’une kippa, les yeux recouverts d’une paire de lunettes noires, tenant en laisse un chien au visage de Benyamin Netanyahu, portant en collier une étoile de David. Le New York Times a publié cette caricature dans un contexte de tension aux États-Unis, suite à l’attentat dans une synagogue à San Diego qui a fait un mort et 3 blessés fin avril.
Le dessin publié dans la version internationale du New York Times a provoqué une immense colère en Israël et chez Donald Trump. Accusé de faire de la propagande nazie, d’être antisémite et odieux avec les deux responsables, l’Américain et l’Israélien, le New York Times a dû présenter des excuses et retirer la caricature. Jamais cité, l’auteur de la caricature, Antonio Antunes, dit « Antonio », se trouve mêlé à cette polémique à son corps défendant.
Une violation de la liberté d’expression
L’auteur du dessin n’a pas été sollicité avant publication, ni son journal, l’Expresso, un hebdomadaire de référence au Portugal. « Antonio » en est le dessinateur attitré, il y travaille depuis 1974, l’année de la démocratie au Portugal. C’est un chroniqueur politique, reconnu internationalement pour la férocité et la justesse de son trait. En 1993, un dessin d’Antonio avait provoqué une énorme polémique. Il avait représenté un Jean Paul II enrhumé dont le nez était protégé d’un préservatif. Le pape venait de condamner l’usage du préservatif en pleine épidémie de sida.
« Antonio » a eu à plusieurs reprises ces derniers jours l’occasion de se défendre, rappelant son attachement à la liberté d’expression encore en vigueur en Europe. Comme l’a écrit une journaliste « 99 % du monde est aux côtés d’« Antonio », car s’il a offensé le gouvernement d’Israël, cela fait 70 ans que le gouvernement israélien offense le monde ». « Antonio », en publiant sa caricature le 19 avril commentait les élections israéliennes. Il avait forcé le trait, avec l’étoile de David notamment, car le personnage de Netanyahu est peu connu au Portugal. Pas d’antisémitisme, mais une critique d’Israël et Donald Trump assumée.
Le Portugal, une récente démocratie attachée à la liberté d’expression
À la fac de droit à Lisbonne, dans le cadre des élections des représentants des étudiants, un stand proposait de lancer des pierres sur les zucas, diminutifs déplaisants de brazucas, c’est-à-dire Brésiliens, qui sont soi-disant favorisés à la faculté grâce à leurs notes. La même semaine, à l’université de Coimbra, des jeunes déguisés en nazi ont promené des collègues étudiants vêtus du tristement célèbre pyjama rayé des prisonniers des camps de concentration. Une banalisation de la haine, l’absence de respect pour l’histoire, et la xénophobie revendiquée par les futures élites de la nation. De quoi s’inquiéter.